L’UE incitée à prendre position sur le respect des droits humains en Tunisie
Jusqu’ici très discrète concernant la politique très sécuritaire de la Tunisie, l’Union européenne est fortement incitée par les organisations de défense des droits humains à réagir dès ce lundi.
Les relations entre l’UE et la Tunisie pourraient-elles se tendre dans les prochains jours ? Aujourd’hui (20 mars), les ministres des Affaires étrangères de l’UE se réunissent notamment pour évoquer la détérioration de la situation des droits humains et la remise en cause de l’indépendance de la justice en Tunisie.
En amont de cette réunion du Conseil des affaires étrangères, plusieurs ONG de défense des droits humains ont envoyé un courrier pour que l’UE fasse pression sur le gouvernement tunisien pour qu’il « mette fin à la répression de la dissidence et qu’il abroge ou modifie toutes les lois qui érigent en infraction l’exercice légitime de la liberté d’expression et de la liberté d’association ».
Répression
« Les dirigeants de l’UE doivent appeler les autorités tunisiennes à libérer tous les avocat·e·s, membres de la classe politique, journalistes, activistes et toute autre personne détenue arbitrairement », selon Hussein Baoumi, responsable du plaidoyer pour la région MENA à Amnesty International.
L’ONG rappelle que la semaine dernière (16 mars), le Parlement européen a voté une « résolution d’urgence condamnant la répression de l’indépendance judiciaire, de la liberté d’expression et d’association en Tunisie ».
Le 16 février dernier, une journée de mobilisation avait été organisée par les journalistes tunisiens, suite à l’arrestation, trois jours avant, de Noureddine Boutar, directeur général de Mosaïque FM, radio la plus renommée du pays.
Les migrants visés
Fin février, dans un discours, le président tunisien Kaïs Saïed dénonçait l’arrivée de « hordes de migrants » clandestins. Suite à quoi, une recrudescence des agressions visant des africains subsahariens a été constatée. Philippe Dam, directeur pour l’UE à Human Rights Watch, pointe cette « incitation à la haine contre les migrants africains » qu’il estime « incompatible avec les obligations de la Tunisie en vertu du droit international relatif aux droits humains ». Le Conseil des Affaires étrangères se tient aujourd’hui, à Bruxelles.