Lourdes peines de prison contre des militants avant l’anniversaire du Hirak

 Lourdes peines de prison contre des militants avant l’anniversaire du Hirak

Brahim Laalami (gauche) était devenu l’une des figures majeures du Hirak, le mouvement de protestation contre le régime algérien

La justice algérienne a condamné lundi plusieurs militants du Hirak à des peines de prison ferme. Des condamnations qui interviennent à quelques jours du 2e anniversaire de ce soulèvement populaire qui a entraîné la chute de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika en 2019.

La sentence la plus lourde a échu au jeune militant Chems Eddine Laalami, dit Brahim. Il est condamné à deux ans de prison par le tribunal de Bordj Bou Arreridj, près d’Alger. Peine assortie d’une amende de 200 000 dinars (1 250 euros). En détention provisoire depuis le 9 septembre 2020, M. Laalami, 29 ans, répondait de six chefs d’accusation.

Il a été acquitté pour trois d’entre eux, mais est condamné pour « offense au président de la République », « outrage à corps constitué » et « publication de fausses informations », a précisé à l’AFP Me Mounir Gharbi, avocat et membre du collectif de défense de l’accusé. Le parquet avait requis quatre ans de prison ferme et une amende de 500 000 dinars.

Un tribunal a également condamné une enseignante de l’université d’Annaba (nord-est du pays), Mouna Bouloudenine, militante pro-Hirak, à un an de prison, dont six mois ferme. Le parquet avait requis 2 ans de prison ferme à l’encontre de Mme Bouloudenine. Il l’accusait de « publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national ». En outre, deux autres hirakistes, Ali Naib et Nasreddine Younès, ont reçu des peines de 6 mois de prison, dont 3 mois ferme, devant le tribunal de Tiaret (centre).

Placés sous contrôle judiciaire, ils répondaient, entre autres, de « financement étranger pour des actes ayant pour but d’atteinte à la sécurité de l’État », selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

 

Pionnier du Hirak

Ces sentences sévères confirment la crispation du régime. Ce dernier fait face à une multicrise politique, sanitaire et socio-économique. Le tout survenant à une semaine de l’anniversaire du Hirak, déclenché le 22 février 2019.

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Devenu une des figures du mouvement de contestation, Brahim Laalami, un tailleur de 29 ans, était sorti quelques jours auparavant à Bordj Bou Arreridj avec une grande pancarte dénonçant la candidature à un cinquième mandat de l’ancien homme fort Abdelaziz Bouteflika. Le Hirak avait éclaté quelques jours plus tard, forçant M. Bouteflika à démissionner au mois d’avril suivant. « Nous avons boycotté le procès, car nous avons estimé qu’il n’y avait pas les garanties d’un procès équitable », a expliqué Me Gharbi.

Laalami a refusé d’assister à son procès par visioconférence comme le permet le Code pénal algérien. Les procès à distance sont de plus en plus nombreux en Algérie depuis le début de la pandémie. La justice algérienne l’avait déjà condamné en juillet à 18 mois de prison ferme pour, entre autres, « outrage à corps constitués » et « outrage à fonctionnaire ». Le militant avait été à nouveau interpellé le 8 septembre, quelques jours après avoir été libéré à la suite d’une réduction de peine.

 

Nouvelle marche contre le « système »

Brahim Laalami avait déjà été condamné à trois ans d’emprisonnement, dont une partie a été purgée, lors de précédents procès. Cette nouvelle condamnation « confirme nos craintes : M. Laalami est victime d’un acharnement judiciaire », a dénoncé Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme.

Amnesty International a condamné le jugement, soulignant que « personne ne devrait être condamné pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression ». Amnesty et la LADDH ont réclamé à nouveau la libération des détenus d’opinion en Algérie.

Une marche organisée pour « le départ du “système” (au pouvoir), pour la libération des détenus et contre la répression des libertés » a regroupé plusieurs centaines de personnes lundi matin à Béjaïa, grande ville de Kabylie (nord-est), d’après la LADDH.

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Plus de 70 personnes sont actuellement en prison en Algérie en lien avec les protestations du Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le CNLD. Des poursuites fondées dans au moins 90 % des cas sur des publications critiques envers les autorités sur les réseaux sociaux, d’après un bilan du CNLD.