L’ONU dénonce une « persécution » d’opposants en Tunisie

Volker Türk
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a dénoncé ce mardi 18 février ce qu’il a qualifié de « persécution des opposants en Tunisie », appelant les autorités à mettre fin à la vague d’arrestations notamment de défenseurs des droits humains, de journalistes et d’avocats.
« Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, appelle les autorités tunisiennes à cesser toute forme de persécution des opposants politiques et à respecter le droit à la liberté d’opinion et d’expression », a déclaré un porte-parole, Thameen Al-Kheetan, lors d’un point de presse à Genève mardi.
Depuis le coup de force du 25 juillet 2021 par lequel le président Kais Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs, ONG tunisiennes et étrangères ainsi que l’opposition dénoncent une régression des droits et libertés en Tunisie. Türk demande également « la libération immédiate, pour des raisons humanitaires, de celles et ceux qui sont d’un âge avancé et qui souffrent de problèmes de santé », a-t-il précisé.
Le Haut-Commissariat demande aux autorités tunisiennes de « mettre fin à la vague d’arrestations, de détentions arbitraires et d’emprisonnement de dizaines de défenseurs des droits humains, d’avocats, de journalistes, de militants et de personnalités politiques »
Nombre d’entre eux sont en détention provisoire et font « l’objet d’accusations vagues et larges après avoir vraisemblablement exercé leurs droits et leurs libertés », selon l’UNHCR.
Dans un communiqué, le Haut-Commissariat de l’ONU indique qu’au début du mois, des journalistes et plusieurs personnalités politiques tunisiennes ont été condamnées à de lourdes peines de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », « dans le cadre d’un procès entaché de violations présumées des garanties d’un procès équitable et d’une procédure régulière ».
Allusion au dossier Instalingo
L’affaire en question est bâptisée Instalingo, du nom d’une société de production de contenu numérique qui fait l’objet d’une enquête depuis 2021. Elle est accusée d’avoir servi de couverture aux personnalités citées pour comploter contre « la sûreté de l’Etat ».
Dans un autre procès connu sous le nom d’« affaire du complot contre la sûreté de l’Etat », une quarantaine de personnes – parmi lesquelles des opposants de premier plan, des avocats et des hommes d’affaires – sont poursuivies. Très attendu, le procès doit s’ouvrir le 4 mars prochain.
Le Haut-Commissariat de l’ONU demande à la Tunisie « d’examiner sa législation criminelle et de s’assurer qu’elle est conforme aux règles et normes du droit international des droits humains », a affirmé M. Al-Kheetan.
« Toutes les personnes détenues arbitrairement doivent être libérées immédiatement et sans condition » et « il est impératif de garantir aux accusés un procès équitable et une procédure régulière », a-t-il renchéri.