Loi immigration : une censure au goût amer et une porte ouverte à d’autres dispositions

 Loi immigration : une censure au goût amer et une porte ouverte à d’autres dispositions

Rassemblement contre la nouvelle loi française sur l’immigration, à Nantes, dans l’ouest de la France, le 25 janvier 2024. (Photo de LOIC VENANCE / AFP)

Immigration. Quelques jours après la décision du Conseil constitutionnel, certains acteurs syndicaux et associatifs opposés à cette loi, estiment que l’institution n’a fait que le strict minimum.

« La décision du Conseil constitutionnel procède essentiellement d’un toilettage procédural, sans affirmer de grands principes constitutionnels à l’égard des étrangers », affirme le Syndicat des avocats de France (SAF), dans un communiqué (29 janvier).

Certes, 32 des 84 articles de la loi immigration ont été censurés, dans la décision du Conseil constitutionnel rendue jeudi dernier (25 janvier). Les dispositions les plus dures, ajoutées notamment sous l’impulsion des Républicains, ont bien été censurés comme « cavaliers législatifs sans liens avec l’objet du texte initial ». 

Toutefois, le SAF, comme de nombreux opposant à cette loi immigration, regrette que « de nombreuses dispositions que nos organisations estiment inconstitutionnelles n’ont pas été examinées par le Conseil constitutionnel et sont entrées en vigueur en l’état ».

Un goût amer

Parmi les dispositions entrées en vigueur, la suppression de la collégialité en matière d’asile, l’utilisation étendue de la visioconférence pour les étrangers placés en rétention administrative, ou encore la généralisation de la double peine.

Pour le SAF, l’institution n’est pas allée assez loin, ne faisant qu’éloigner la menace d’une loi plus répressive : « le Conseil constitutionnel laisse la porte ouverte à une nouvelle proposition de loi les reprenant », évoquant les cavaliers législatifs censurés. « Cette censure laisse un goût amer », regrettait SOS Racisme le jour même où la décision a été rendue publique.

Craintes pour l’avenir

Au soir de la décision, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, se félicitait sur le réseau social X que le Conseil constitutionnel ait validé « l’intégralité du texte initial du gouvernement ». 

L’association de lutte contre le racisme se montre, elle, très pessimiste pour l’avenir suite à cette séquence d’arrangements politiques au sein du Parlement ayant mené au vote de la loi immigration.

« Il est à craindre que le pouvoir, qui a déjà donné des gages à une droite parlementaire largement « Rnisée » sur le sujet de l’immigration en lui promettant une réforme de l’AME, soit tenté de poursuivre dans une logique d’apprenti-sorcier dont le résultat le plus visible semble être la hausse sondagière du RN dans les sondages », déclarait l’association le 25 janvier.

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