Mohamed Hmoudane : »Ecrire était déjà une nécessité »

 Mohamed Hmoudane : »Ecrire était déjà une nécessité »

crédit photo : Chaouki El Ofir


Les débuts sont toujours durs, inspirants et peuvent déterminer de la continuité ou non d'une carrière ou d'une vie. C'est sur ses balbutiements de la littérature qu'est organisée une rencontre autour de la littérature marocaine. Animée par Nils Ahl, des poètes et romanciers marocains, arabophones ou francophones (Yasmine Chami, Jalal El Hakmaoui, Youssef Fadel, Mohamed Hmoudane, Youssouf El Alamy, Mustapha Kebir Ammi & Latifa Labsir) partageront leurs réflexion sur leur entrée en littérature dans le cadre du festival Meeting "Comment ça commence?". Pour relater ses premiers écrits, nous avons demandé au romancier et poète, Mohamed Hmoudane de revenir pour nous sur ses débuts.


LCDA : Le thème de la rencontre est "comment ca commence ?". Pour vous, comment l'envie d'écriture a commencé et pourquoi avoir choisi la pluridisciplinarité (poésie, roman, etc..) ?


Mohamed Hmoudane : J'ai commencé à écrire à mes 14-15 ans, une période d'autant plus problématique qu'on est à mi-chemin entre l'enfance et un autre âge dont les contours restent flous. Sans doute, l'écriture était-elle pour moi une manière d'interroger le monde et le transcender. Écrire était déjà une nécessité !


Je me suis toujours efforcé d'abolir les frontières entre les genres, de créer des formes hybrides, "libres" car je crois foncièrement que l'écriture, même si chaque genre a ses propres codes, a ce pouvoir justement de les transcender.


 


LCDA : Quel est le point de départ de vos romans ? Est ce le Maroc, la France, la communauté marocaine à l'étranger ou c'est l'intrigue qui prime ?


Mohamed Hmoudane : J'écris sans établir au préalable un plan. Rien ne doit entraver ma liberté! Le point de départ pourrait être un mot, une phrase. Mes deux romans déjà publiés et celui qui est en chantier demeurent une sorte de valse entre le Maroc et la France, un incessant va-et-vient entre la prose et la poésie, une marche processionnelle de phrases…


 


LCDA : En tant que romancier et poète marocain, vous participez le lundi 25 novembre à une rencontre autour de la littérature marocaine. Où en est la littérature marocaine en ce moment ?


Mohamed Hmoudane : Il faut poser cette question plutôt à un critique littéraire. Un Salim Jay, par exemple, saura dresser un état des lieux de la littérature marocaine et apporter des réponses à la fois globales et éclairantes. Il me semble cependant que la littérature marocaine, dans son ensemble, se cherche, à l'image même du pays. Ces deux dernières décennies, le Maroc, si l’on compare la situation avec celle qui prévalait dans les années 1970 par exemple, a connu l’émergence d’une littérature plus intimiste, se penchant particulièrement sur le questionnement de soi, laissant plus de place à l’individu, comme si elle cherchait à s’émanciper du poids écrasant du groupe. Il y a une multitude de thèmes, avec cependant, depuis les années 1990, quelques-uns récurrents : le monde carcéral, le combat féminin, la revendication de la liberté sexuelle, l’immigration, etc.. On perçoit l’écriture comme une sorte de tremplin pour entrer dans le « monde » et non plus comme quelque chose qui participerait d’une entreprise ontologique, politique et sociale globale.



Rencontre autour de la littérature marocaine, avec Yasmine Chami, Youssouf El Alamy, Jalal El Hakmaoui, Youssef Fadel, Mohamed Hmoudane, Mustapha Kebir Ammi & Latifa Labsir, Maison de la Poésie, Passage Molière, 157, rue Saint-Martin, 750003 Paris.