Les tribulations d’un bédeiste en Palestine
A travers un voyage dans les Territoires occupés, l’auteur José Pablo Garcia dépeint les conditions de vie des Palestiniens. Des situations difficiles, parfois ubuesques, néanmoins décrites avec humour.
Parler d’une situation aussi complexe que celle de la Palestine à travers une bande dessinée était un pari fort risqué. D’autant que le sujet avait déjà été traité brillamment par Joe Sacco, le père de la BD-reportage, à qui l’on doit les excellents opus : Palestine, une nation occupée (1993) et Palestine. Dans la bande de Gaza (1994). Un véritable travail journalistique, récompensé en 1996 par l’American Book Award.
Mais pour l’ONG Action contre la faim (associée à la maison d’édition La Boîte à Bulles), point de complexe ni de comparaison, il s’agissait avant tout de choisir un vecteur grand public pour illustrer au mieux la thématique. “La bande dessinée permettait de matérialiser un conflit qui apparaît à beaucoup comme éloigné et vague en raison de sa persistance dans la durée. Le crayon et le papier sont de formidables outils pour rendre compte de situations dans des zones tendues, et en particulier en territoire palestinien occupé. Enfin la bande dessinée nous permet de toucher un public plus large et de renouveler la manière dont on témoigne des situations rencontrées sur le terrain”, explique Mathieu Fortoul, en charge de la communication au sein de l’organisation.
Dans Vivre en terre occupée, le dessinateur espagnol José Pablo Garcia évite les écueils et livre un regard à la fois sans concession et en dehors de tout pathos. Au fil des 90 pages, c’est le quotidien d’une population qui vit depuis dix ans sous blocus, notamment à Gaza, que l’on découvre : destructions arbitraires, restrictions en eau, en électricité et difficultés à circuler pour les civils.
Un témoignage profondément humain
“Avec cet album, Action contre la faim ne cherche pas à convaincre mais à témoigner de la situation sur le terrain, vécue par les gens que nous aidons au quotidien grâce à nos équipes. Nous parions sur l’art comme moyen alternatif pour communiquer autour de ce conflit politique très compliqué. En tant qu’artiste qui se rendait pour la première fois en Palestine, José Pablo Garcia nous offre un témoignage profondément humain de ce qu’il a compris et ressenti de la
situation”, poursuit Mathieu Fortoul.
Un album au graphisme plutôt sobre, livrant un témoignage factuel, ponctué d’un humour pince-sans-rire, et qui se révèle comme un excellent support pour aborder le sujet en dehors des clivages.
“VIVRE EN TERRE OCCUPÉE. UN VOYAGE EN PALESTINE, DE NAPLOUSE À GAZA”.
Textes et dessins de José Pablo Garcia, éd. La Boîte à Bulles, janvier 2018, 15 €.
MAGAZINE FEVRIER 2018