Chroniques de journaliste à Damas
C’est le récit d’un journaliste belge. François Janne d’Othée publie «Jours tranquilles à Damas». Entre choses vues et angles choisis, loin de l’actualité.
Après « Jours tranquilles à Tunis », « Jours tranquilles à Alger » ou encore « Jours tranquilles à Jérusalem », la maison d’édition Riveneuve publie «Jours tranquilles à Damas». Sur le même principe, à chaque fois, il s’agit de notes qui n’ont pas nécessairement fait l’objet d’un article.
Ici, l’auteur « s’est employé à démêler l’engrenage complexe de ce pays dont tout le monde parle mais que peu, au fond, comprennent », le tout en évitant soigneusement le dangereux « écueil du manichéisme », souligne Myrna Nabhan, politologue belgo-syrienne, qui signe la préface de cet ouvrage consacré donc à la Syrie.
Journalisme en temps de guerre
Le récit de François Janne d’Othée débute en juin 2011. Les dates ont une importance dans ce livre, pour saisir au mieux les réalités de la Syrie qui évoluent au gré de la guerre. Un récit « basé sur mes reportages, mes souvenirs et des rencontres », précise le journaliste en introduction.
Les dates mais aussi les mots, François Janne d’Othée y prête une grande attention : « depuis le début du conflit, je m’attelle à éviter des sémantiques trop connotées ». Ce n’est pas du « journalisme sur la guerre » mais bien du « journalisme en temps de guerre ». Une nuance qui a toute son importance, « même si la guerre est dans toutes les têtes, la vie quotidienne se poursuit ».
Le risque d’aller jusqu’à eux
Ces chroniques ne sont évidemment pas neutres mais signent une promesse de neutralité, tant est que cela soit possible : « la position médiane tient du travail d’équilibriste en pleine tempête », écrit François Janne d’Othée. Et le contrat semble rempli puisque le journaliste raconte cette journée de juin 2011 où il s’achète de quoi manger dans une épicerie à Afrine : « le marchand refuse que je paie. Vous êtes notre invité ». Comme un cadeau à cet étranger « qui a pris le risque d’aller jusqu’à eux ».
Il y a aussi la résistance de cet artiste, Issa Touma qui inaugure en 2012 son 11e festival international de la photo d’Alep. Aucun photographe ne fera le déplacement, mais les œuvres arriveront à bon port. Il y a, enfin, ce chauffeur de taxi qui lui offrira sa course après que l’auteur a distribué quelques pièces à une femme aveugle qui faisait la manche. « La Syrie, c’est aussi cela », écrit François Janne d’Othée.
Chloé Juhel
« Jours tranquilles à Damas », de François Janne d’Othée, paru aux éditions Riveneuve