L’Italie octroie 50 millions d’euros à la Tunisie pour aider à boucler son budget
Si le gouvernement du fraîchement nommé Kamel Maddouri communique peu autour de cette nouvelle, c’est qu’elle tranche avec le narratif souverainiste d’autosuffisance budgétaire prétendue et proclamée par Carthage.
Discrètement, la Tunisie a ainsi achevé les procédures nécessaires pour mobiliser une enveloppe de 50 millions d’euros auprès du gouvernement italien de la tumultueuse Giorgia Meloni, une somme qui servira au financement complémentaire du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2024.
En tenant parole s’agissant de son soutien financier, aussi modeste soit-il, la présidente du Conseil des ministre italien continue donc d’être le principal allié européen du pouvoir tunisien de Kais Saïed, même si celui-ci se défend de tout deal migratoire. Une entente que la presse italienne présente pourtant comme étant évidente.
Alternatives nécessaires au FMI
Ironisant sur le nombre d’emprunts récemment contractés par le pays et entérinés par le Parlement tunisien, l’opposition fustige le fait « qu’en somme, tout est permis en matière d’endettement tant que le Fonds monétaire international est boudé par le président de la République ! ».
La Tunisie prévoit en effet de mobiliser plusieurs financements et lignes de crédit afin de parvenir à financer in extremis le budget de l’Etat pour l’année 2024, des fonds provenant de sources multiples dont des ressources d’une valeur de 38 millions de dollars auprès du Fonds monétaire arabe, 400 millions de dollars de la banque africaine de développement (BAD), en sus de l’enveloppe italienne.
Notons que la ratification de ce dernier accord (signé en réalité dès le 17 avril 2024) a été publiée sous la forme d’un décret présidentiel n° 455 au Journal officiel n° 100 de 2024. Dans le cadre de sa coopération bilatérale la Tunisie œuvre par ailleurs à obtenir 300 millions de dollars de l’Algérie et lever des fonds à hauteur de 500 millions de dollars en provenance d’Arabie saoudite.
De son côté, l’Union Européenne avait annoncé depuis le 4 mars 2024 le déblocage d’un appui budgétaire de 150 millions d’euros, soit environ 506 millions de dinars. Il consiste en l’occurrence en un transfert financier direct de l’Union européenne au Trésor public tunisien sous forme de don.
Enfin sur le plan local, le gouvernement a en outre pu mobiliser des ressources en devises étrangères sur le marché intérieur : un accord avec plusieurs banques a permis de lever 156 millions d’euros et 16 millions de dollars pour financer le budget de l’Etat pour l’année 2024. De quoi espérer ranimer une croissance anémique pour le dernier trimestre de l’année.
>> Lire aussi : Tunisie. Croissance économique : de nouveaux chiffres mitigés