Lieux de vie informels : toujours plus d’expulsions, toujours moins de relogements
Bidonvilles, camps, squats, les expulsions des lieux de vie informels sont en forte hausse depuis un an. Un rapport met en question les décisions des autorités.
Plus de 50% d’augmentation des expulsions de lieux de vie informels en France métropolitaine sur la période du 1er novembre 2021 au 31 octobre 2022. C’est l’un des chiffres clés dévoilés par le rapport annuel de l’Observatoire inter-associatif de ces expulsions.
Sur la période, ce sont 2 078 expulsions qui ont été recensées, contre 1 330 l’année précédente sur la même période. L’observatoire alerte également sur le très faible taux de relogement : « Dans 95% des cas, la majorité des personnes n’a reçu aucune proposition de relogement, ni même d’hébergement, entraînant un retour à la rue (…) une rupture dans la scolarisation des enfants, des suivis médicaux ».
Illégalité ?
Le rapport rappelle que maires et préfets disposent de la possibilité de prendre des arrêtés d’expulsions dans différents cas : risques avérés d’atteinte à la salubrité, la sécurité, ou encore la tranquillité publiques. Cependant, pour l’observatoire, ces arrêtés « sont souvent pris sans justification suffisante » mais sont aussi « affirmés sans être établis ». Les expulsés se retrouvent face à des arrêtés au délais de recours extrêmement limités, leur interdisant, de fait, de contester la légalité de ces décisions administratives et de faire valoir leurs droits.
Spécificité nordiste
« Le littoral nord représente à lui seul 85% des expulsions signalées et leur nombre a fortement augmenté depuis l’an dernier » insiste le rapport. Celui-ci pointe le déroulement des expulsions notamment dans le Dunkerquois et le Calaisis. Tentes, duvets, vêtements, documents d’identité, téléphones ou encore médicaments sont saisis, voire détruits. L’observatoire décrit un système rodé : « Dans le Calaisis et le Dunkerquois, deux sociétés de nettoyage mandatées par l’État, accompagnent le convoi policier lors des opérations d’expulsion ».
Si le nombre d’expulsions varie selon les régions de l’Hexagone, l’observatoire milite pour que « des solutions de logement dignes et pérennes soient proposées à chaque habitant-e, quels que soient son origine, sa situation administrative, ses besoins et projets ».
>> A lire aussi : Loi asile et immigration : des organisations proposent 15 conditions pour un asile réel