Lieux de vie informels : toujours plus d’expulsions, toujours moins de relogements

 Lieux de vie informels : toujours plus d’expulsions, toujours moins de relogements

France, Paris, 17-11-2022. Evacuation du camp de La Chapelle où survivaient depuis 4 semaines près de 900 personnes exilées sans solution d’hébergement. La prefecture a affreté des cars dans le cadre d’une mise à l’abri de 800 personnes, mais une centaine d’exilés n’ont pas été pris en charge et sont contraints de rester à la rue. Leurs effets personnels ont été détruits et une grande partie d entre eux n’ont pas été autorisés à récupérer leurs effets personnels et documents une fois le périmétre bloqué par les forces de l’ordre. Anna Margueritat / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Bidonvilles, camps, squats, les expulsions des lieux de vie informels sont en forte hausse depuis un an. Un rapport met en question les décisions des autorités.

 

Plus de 50% d’augmentation des expulsions de lieux de vie informels en France métropolitaine sur la période du 1er novembre 2021 au 31 octobre 2022. C’est l’un des chiffres clés dévoilés par le rapport annuel de l’Observatoire inter-associatif de ces expulsions. 

Sur la période, ce sont 2 078 expulsions qui ont été recensées, contre 1 330 l’année précédente sur la même période. L’observatoire alerte également sur le très faible taux de relogement : « Dans 95% des cas, la majorité des personnes n’a reçu aucune proposition de relogement, ni même d’hébergement, entraînant un retour à la rue (…) une rupture dans la scolarisation des enfants, des suivis médicaux ».

Illégalité ?

Le rapport rappelle que maires et préfets disposent de la possibilité de prendre des arrêtés d’expulsions dans différents cas : risques avérés d’atteinte à la salubrité, la sécurité, ou encore la tranquillité publiques. Cependant, pour l’observatoire, ces arrêtés « sont souvent pris sans justification suffisante » mais sont aussi « affirmés sans être établis ». Les expulsés se retrouvent face à des arrêtés au délais de recours extrêmement limités, leur interdisant, de fait, de contester la légalité de ces décisions administratives et de faire valoir leurs droits.

Spécificité nordiste

« Le littoral nord représente à lui seul 85% des expulsions signalées et leur nombre a fortement augmenté depuis l’an dernier » insiste le rapport. Celui-ci pointe le déroulement des expulsions notamment dans le Dunkerquois et le Calaisis. Tentes, duvets, vêtements, documents d’identité, téléphones ou encore médicaments sont saisis, voire détruits. L’observatoire décrit un système rodé : « Dans le Calaisis et le Dunkerquois, deux sociétés de nettoyage mandatées par l’État, accompagnent le convoi policier lors des opérations d’expulsion ».

Si le nombre d’expulsions varie selon les régions de l’Hexagone, l’observatoire milite pour que « des solutions de logement dignes et pérennes soient proposées à chaque habitant-e, quels que soient son origine, sa situation administrative, ses besoins et projets ».

 

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