Un nouveau gouvernement d’union nationale proposé aux parlementaires
Un gouvernement libyen d'union nationale a été formé et sa composition a été soumise au parlement internationalement reconnu, a annoncé dimanche le Conseil présidentiel libyen, soutenu par l'ONU. Un précédent gouvernement d’union avait été rejeté début février par les élus libyens.
En quête de légitimité
« Le gouvernement a été formé aujourd'hui et envoyé au parlement », a déclaré au cours d'une conférence de presse le porte-parole du Conseil présidentiel, Fathi al-Mejebri. Les négociations pour la formation d'un gouvernement d'union nationale, souhaitée par la communauté internationale, se tiennent à Skhirat, au Maroc.
Le Conseil présidentiel est composé de neuf membres de factions rivales libyennes et dirigé par Fayez al-Sarraj, un homme d'affaires appelé à devenir le Premier ministre selon un accord conclu sous l'égide de l'ONU. Après avoir annoncé la formation du gouvernement, le porte-parole a déclaré : « Nous espérons que cela sera le début de la fin du conflit en Libye ».
Cependant, deux membres du Conseil ont refusé de signer le document annonçant la formation du nouveau gouvernement, a affirmé à l'AFP l'un de ces deux membres, sous le couvert de l'anonymat. « Nous n'avons pas signé, car nous ne sommes pas d'accord sur le gouvernement. La façon dont les ministres ont été nommés n'est pas transparente du tout », a-t-il déclaré.
Un pays dans le chaos
La Libye est aujourd’hui de facto divisée entre deux autorités différentes. Le parlement reconnu internationalement siège à Tobrouk, dans l'est de la Libye. Un autre parlement, non reconnu, siège à Tripoli, la capitale libyenne. Le parlement de Tobrouk tiendra lundi ou mardi une session pour accorder ou non sa confiance au gouvernement d'union nationale, a déclaré un membre de ce parlement sous le couvert de l'anonymat.
Selon une lettre du Conseil présidentiel annonçant la formation du nouveau gouvernement, ce gouvernement compte 18 membres, dont cinq ministres d'État. Le conseil réuni à Skhirat avait déjà proposé un premier gouvernement d'union nationale qui comptait 32 membres. Mais celui-ci avait été rejeté le 25 janvier par le parlement de Tobrouk parce que le nombre de ses membres avait été jugé trop élevé.
Le Conseil présidentiel avait un délai de dix jours pour présenter un nouveau gouvernement. L'annonce de dimanche est intervenue quelques minutes avant l'expiration de ce délai. La Libye est plongée dans le chaos et livrée à des groupes armés rivaux depuis que Mouammar Kadhafi a été renversé et tué en 2011.
En plus de la division entre les deux capitales, des milices en partie islamistes sont implantées dans plusieurs régions, et l’État islamique, qui s’est emparé de la ville de Syrte dans le centre, a fait du renforcement et de l’extension de sa zone de contrôle dans le pays l’une de ses priorités. Les grandes puissances estiment que seul un gouvernement d'union nationale peut constituer un interlocuteur fiable pour combattre l'EI et pour mieux juguler le flux migratoire vers l'Europe au travers de la Libye.
Rached Cherif
(Avec AFP)