Libye : traitements inhumains, fosses communes, fonds européens en question

Illustration fournie par le Service des ambulances de Libye, montrant des sauveteurs récupérant les corps de migrants retrouvés dans le désert libyen, près de la frontière avec le Tchad, en février 2024. Cette découverte fait écho aux nombreuses violences subies par les migrants dans la région. (Photo : Libya Ambulance Service / AFP)
L’ONU dénonce les traitements des migrants en Libye et rappelle l’urgence d’agir suite à la découverte de fosses communes. Les associations appellent à geler les fonds européens.
L’ONU est très préoccupée par la situation des migrants en Libye. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays, hier (19 février), la cheffe des affaires politiques de l’Organisation des Nations unies, Rosemary DiCarlo, déplorait le traitement des migrants et demandeurs d’asile, victimes de « torture et de traitements cruels et inhumains ».
Ces deux dernières années, la guerre civile pousse de nombreux Soudanais à fuir vers la Libye voisine. Ces derniers, comme d’autres migrants venus d’Afrique subsaharienne, se retrouvent confrontés à des violences et à des conditions de détention indignes, largement documentées ces dernières années.
Fosses communes
La découverte de deux fosses communes ces dernières semaines en Libye a ajouté un degré de stupéfaction supplémentaire à une situation que la communauté internationale savait déjà très dangereuse pour les migrants.
C’est dans une ferme à Jikharra, dans le nord-est du pays, qu’une première fosse commune a été découverte le 7 février. Le lendemain, une seconde a été mise au jour à Al-Kufra, dans le sud-est libyen.
93 corps ont été exhumés à ce jour, selon Rosemary DiCarlo, pour qui « cela rappelle une fois de plus la nécessité urgente de protéger les migrants et de lutter contre la traite des êtres humains ».
La cheffe des affaires politiques appelait hier à mener une enquête indépendante et à « traduire les responsables en justice ».
Financements en question ?
« Il apparaît clairement que les financements de l’Union européenne, ainsi que d’États membres (dont l’Italie et la France), à la Libye, n’ont pas tenu leur promesse d’améliorer les conditions de vie des personnes cherchant à se mettre en sécurité », s’indignait le réseau d’associations de défense des droits Migreurop, notamment suite à la découverte des fosses communes.
Plus largement, les conditions de vie indignes et le non-respect des droits humains, clairement documentés dans un rapport publié l’année dernière par la Cour des comptes européenne, justifient que l’UE gèle les fonds européens destinés à la migration pour la Libye, selon Migreurop.