Libye : Les troupes du maréchal Haftar ferment la frontière avec l’Algérie
Les forces fidèles au maréchal libyen Khalifa Haftar ont annoncé dimanche avoir fermé les frontières avec l’Algérie. La zone limitrophe de la frontière occupée par l’armée de l’Est est déclarée « zone militaire ». Un coup de force qui intervient à trois jours d’une rencontre cruciale pour le processus de transition libyen.
« Les forces armées ont fermé la frontière entre la Libye et l’Algérie et l’ont déclarée zone militaire à l’intérieur de laquelle tout mouvement est interdit », a fait savoir l’organe de propagande de l’ANL. L’initiative de l’armée du maréchal Haftar illustre une fois de plus le morcellement du pouvoir en Libye. Le gouvernement d’union nationale, qui bénéficie du soutien de la communauté internationale, ne parvient pas à réduire l’opposition de l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar.
L’homme fort de l’est du pays avait tenté en vain de s’emparer de la capitale Tripoli au printemps 2019. Il avait dû cesser son offensive après 14 mois de piétinement aux portes de la ville. Mais, le maréchal ne semble pas prêt à rentrer dans le rang malgré la pression internationale. En janvier dernier, les dirigeants des pays impliqués dans le conflit avaient conclu un accord fragile pour mettre fin au conflit sous l’égide des Nations-Unies.
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Un nouveau sommet doit également se tenir ce mercredi à Berlin. En présence du gouvernement de transition libyen, cette conférence des ministres des Affaires étrangères portera sur « les prochaines étapes vers une stabilisation durable », explique le ministère allemand des Affaires étrangères, hôte de la conférence.
Élections incertaines
Il s’agit en priorité de garantir la tenue d’élections en Libye fin 2021 et d’obtenir le retrait des mercenaires et troupes étrangères. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, devrait intervenir en vidéo. Les États-Unis seront aussi représentés via le secrétaire d’État américain, en tournée européenne.
En janvier, le gouvernement de transition, dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, s’était engagé à organiser des élections présidentielles et législatives le 24 décembre. Mais, des doutes subsistent sur sa réelle volonté de voir se dérouler ce scrutin.
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Ce sommet de Berlin peut se limiter à de « simples déclarations d’intention ». Mais, il peut aussi permettre des « progrès » sur la voie d’élections en décembre, explique à l’AFP Jalel Harchaoui. Il faudrait pour cela un accord d’ici l’été sur les bases juridiques du scrutin, explique ce spécialiste de la Libye au sein du think tank Global Initiative.
Environ 20 000 combattants étrangers en Libye
« Ceux qui avaient donné l’engagement la dernière fois (…) de retirer leurs troupes ne l’ont pas respecté », a déploré le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, dans une interview lundi au quotidien Die Welt. Une référence implicite à la Russie, la Turquie ou les Émirats arabes unis. Fin avril, la Ligue des États arabes, l’ONU, l’Union européenne et l’Union africaine avaient réclamé un retrait des forces étrangères.
« Si nous voulons que les Libyens puissent jouir de l’autodétermination, il faut que les forces étrangères s’en aillent », a estimé le ministre des Affaires étrangères allemand. En décembre, l’ONU estimait à quelque 20 000 le nombre de mercenaires et combattants étrangers en Libye. Russes du groupe privé Wagner, Tchadiens, Soudanais ou encore Syriens.
Plusieurs centaines de militaires turcs sont eux aussi présents en vertu d’un accord conclu avec le précédent gouvernement de Tripoli. Une dispersion brutale de ces hommes surarmés représenterait toutefois une nouvelle menace pour la région, craignent des diplomates de l’ONU.