Libye : les milliards de la reconstruction attisent les convoitises

 Libye : les milliards de la reconstruction attisent les convoitises

Les chantiers de reconstruction de la Libye sont estimés à plusieurs milliards de dollars.

Après une décennie de chaos, la Libye s’engage dans un vaste chantier de reconstruction à la faveur d’une embellie politique. Déjà, des projets représentant des dizaines de milliards de dollars fleurissent dans ce riche pays pétrolier. Une manne qui attise les convoitises.

Des centaines de projets de reconstruction, estimés à eux seuls à plusieurs milliards de dollars, ont été abandonnés après la chute en 2011 du dictateur Mouammar Kadfhafi, en raison de l’instabilité en Libye. Plusieurs multinationales étrangères étaient alors actives dans le pays.

Ces chantiers pourraient néanmoins bientôt reprendre. La fin des combats, notamment aux portes de la capitale, et l’installation en mars dernier d’une autorité exécutive unifiée pour mener la transition ravivent l’espoir d’une reconstruction dans un pays où les infrastructures existantes ont aussi beaucoup souffert.

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D’après certaines estimations, les besoins après les dégâts d’une décennie de conflit « dépassent les 100 milliards de dollars », souligne l’économiste libyen Kamal Mansouri. Selon lui, la Turquie, l’Italie et l’Égypte vont « décrocher la plus grosse part du gâteau ».

 

Les grandes puissances sur les rangs

Dès l’installation du nouveau gouvernement de transition en mars, Tripoli est le théâtre d’un ballet diplomatique, où l’économie n’est jamais loin. Quand le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, s’est rendu dans le pays quelques jours après l’éclaircie politique du printemps, le patron du géant pétrolier italien ENI l’accompagne. Actif en Libye depuis 1959, le groupe italien se positionne désormais pour la construction d’une centrale photovoltaïque dans le sud de la Libye.

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Quelques semaines plus tard, lors d’un déplacement à Paris, le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah a rencontré l’organisation patronale française, le Medef. Le syndicat des patrons souhaite voir les entreprises tricolores « prendre activement part à la reconstruction ».

Début juin, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, est, lui, venu accompagné de plusieurs hommes d’affaires, dans l’espoir de participer à « la reconstruction et au développement » du pays.

 

Les voisins veulent leur part du gâteau libyen

Les voisins de la Libye ne sont pas en reste face aux opportunités de la reconstruction. Le groupe algérien Sonatrach a récemment dit envisager une reprise de ses activités. Les responsables tunisiens ont également multiplié les appels du pied pour réactiver une collaboration vitale pour leur économie, surtout celle du sud.

Des discussions ont également eu lieu avec l’Égypte, pour qui la Libye était un important marché avant 2011. Fin juin, c’est au Maroc que se sont rendus Le chef du gouvernement de transition libyen et le président de la Chambre libyenne des représentants. Le Maroc compte capitaliser sur son implication dans la normalisation politique de la Libye.

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Profitant de sa proximité avec les élites de la Tripolitaine, la Turquie s’est déjà positionnée sur d’importants projets dans l’Ouest. Depuis la désignation de M. Dbeibah, lui-même issu des milieux d’affaires, les « forums économiques » se sont multipliés.

 

Horizon incertain

« La Libye n’a rien construit depuis 10 ans, elle n’a pas maintenu son infrastructure. C’est un pays riche qui a des besoins de travaux légitimes », confie à l’AFP Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye au sein du centre de réflexion Global Initiative.

Mais ce marché prometteur n’est pas sans risques. Avant 2011, « il y a eu quantité exceptionnelle de chantiers lancés et attribués à la Chine, la Russie et la Turquie. Sauf que la Libye n’est plus ce qu’elle était en 2006, on ne sait pas où en sont les réserves de dollars, on ne sait pas si les conditions de sécurité sont bonnes », note M. Harchaoui.

La sécurité reste à ce jour précaire. Les mercenaires étrangers sont toujours stationnés dans le pays, les milices n’ont pas été démantelées.

Politiquement, les élections législatives et présidentielles, qui doivent se tenir décembre pour boucler la phase de transition, semblent de plus en plus hypothétiques. Avec le risque persistant de voir le pays replonger dans le chaos.