L’éventualité d’un « effondrement économique » de la Tunisie, évoquée par les USA
Après l’Europe lundi et les déclarations du chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, c’est aujourd’hui au tour des Etats-Unis, via le numéro 1 du State Department américain, Antony Blinken, d’employer le même terme de « collapse », au sujet de l’économie tunisienne. La Tunisie peut-elle encore compter sur le lobbying de ses nouveaux alliés tels que l’Italie en cas de non obtention de prêt du FMI ?
Mercredi 22 mars, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a ainsi réitéré la nécessité pour la Tunisie de trouver un accord avec le Fonds monétaire international, sans lequel l’économie du pays pourrait « s’effondrer », faisant indirectement écho aux alertes du chef de la diplomatie européenne. « La chose la plus importante qu’ils puissent faire en matière économique est de trouver un accord avec le FMI », a affirmé Antony Blinken, qui répondait à une question du sénateur démocrate Chris Murphy, lors d’une audition devant le Sénat US à Washington.
« Nous les encourageons fortement à le faire parce que le risque est que l’économique s’effondre », a ajouté le chef de la diplomatie américaine. En proie à la plus grave crise financière de son histoire, la Tunisie négocie depuis plusieurs mois avec le FMI un prêt de près de 1,9 milliard de dollars étalé sur quatre ans. Cependant les discussions entre les deux parties semblent faire du surplace depuis un accord de principe annoncé mi-octobre.
Crise politique et financière corrélées pour Blinken
Mais Antony Blinken a également fait part des inquiétudes des Etats-Unis vis-à-vis de la situation politique en Tunisie depuis que le président Kais Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021 : les USA « veulent aussi voir des avancées s’agissant d’un retour du pays à la voie démocratique », ajoutant que l’espoir reste permis « si la réalité finit par refléter ce processus ». Avant que Blinken n’entame sa réponse, le sénateur Murphy a quant à lui affirmé qu’« il semble que le président Saïed n’en fait qu’à sa tête, suite à ces soi-disant élections ayant recueilli 11% de taux de participation : il veut enterrer la success story démocratique que fut la Tunisie. C’est un virage dramatique ».
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a aussi averti lundi que la situation en Tunisie était « très dangereuse », et qu’il fallait agir vite, évoquant un risque d’« effondrement » de l’Etat susceptible de « provoquer des flux migratoires vers l’UE et d’entraîner une instabilité dans la région MENA » (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Une analyse qualifiée de « disproportionnée » et rejetée par Tunis. Selon le site ilBoursa.com, le président Saïed aurait notamment sollicité le 15 mars courant un prêt de 500 millions de dollars pour renflouer les caisses de l’Etat.
Obsédée par la protection des frontières italiennes, Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres d’Italie, a déclaré toujours mercredi 22 mars 2023, à la chambre des députés, que l’Italie « fait de son mieux », négociant à tout va, pour chercher à débloquer la situation de la Tunisie avec le Fonds monétaire international (FMI) et « éviter un scénario catastrophe ».