Les surprenantes statistiques de la mendicité en Tunisie
Commentant une récente étude de l’Association internationale de défense des droits de l’homme, son président Ridha Kerouida a déclaré hier lundi 21 octobre 2024 qu’on ne peut plus réduire le phénomène de la mendicité en Tunisie à une simple question de pauvreté.
Le responsable a souligné lors d’une intervention sur IFM radio que seuls 15 % des mendiants se trouvent réellement dans une situation de précarité sociale, les 85% restants relevant du choix d’une sorte de « mendicité professionnelle », parfois agressive. Kerouida a par ailleurs révélé que les femmes constituent aujourd’hui 60% des plus de 15.000 mendiants recensés dans les principaux gouvernorats du pays, dont plus de 5.000 sur la seule région du Grand Tunis.
Le représentant de l’ONG a également dénoncé l’exploitation des enfants en bas âge à travers ce phénomène, appelant l’État à coopérer avec la société civile pour former une commission spécialisée en vue de trouver des solutions pérennes à ce fléau. Plus préoccupant, Kerouida a révélé que des enfants âgés d’à peine 1 an sont « loués » à la journée à leurs parents pour servir d’appât. La direction régionale chargée de la protection de l’enfance a été alertée à ce sujet.
« Un business juteux et ingénieux »
Ridha Kerouida a en outre affirmé que la mendicité est devenue une forme de « business » s’apparentant à une guerre des gangs pour le contrôle de certaines zones voire de chaque feu rouge, précisant que certains mendiants peuvent gagner jusqu’à 150 dinars par jour.
En observant le circuit emprunté par certains mendiants peu scrupuleux, nous avons pu constater qu’ils redoublent de créativité désormais. « Le tunisien moyen est souvent pris d’empathie lorsqu’un homme ou une femme visiblement en situation de détresse lui demandent d’acheter pour eux un paquet de lait ou de pâtes ou un médicament coûteux pour une pathologie cardiaque (30 à 40 dinars). Or, cette opération est hélas le plus souvent essentiellement destinée à la revente des stocks obtenus auprès d’épiciers du coin ou au noir », explique-t-il.
Un récent rapport de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLCTP) relève que les policiers ont repéré des centaines d’enfants victimes de la mendicité. Le ministère des Affaires sociales prévoit toutefois des sanctions plus dissuasives pour les familles nécessiteuses bénéficiant de leurs aides et qui poussent leurs enfants à mendier.