Les libertés en Tunisie, objet d’une importante résolution au Parlement européen
Le parlement européen a adopté, aujourd’hui jeudi 16 mars, une résolution particulièrement ferme sur le respect des droits humains en Tunisie. Un vote à l’unanimité : à 496 voix favorables sur les 539 élus présents. La veille les Etats-Unis annonçaient par ailleurs une réduction financière substantielle de leur plan d’aide à la Tunisie.
En pointe sur le dossier tunisien, l’eurodéputé Mounir Satouri
Les députés européens y « exhortent les autorités tunisiennes à libérer immédiatement Noureddine Boutar, directeur de la plus grande station de radio indépendante de Tunisie (Mosaïque FM), qui a été arrêté le mois dernier par des unités antiterroristes « pour des motifs politiques et des allégations infondées », lit-on dans le communiqué de la résolution consultable en intégralité ici sur le site du Parlement européen.
Le Parlement demande instamment aux autorités de libérer « toutes les personnes détenues arbitrairement », y compris les journalistes, les juges, les avocats, les militants politiques et les syndicalistes, et de respecter la liberté d’expression et d’association et les droits des travailleurs, conformément à la Constitution tunisienne et aux traités internationaux.
Présentée à l’initiative du bloc Europe Écologie et publiée sous l’intitulé « Attaques récentes contre la liberté d’expression et d’association et les syndicats, notamment le cas du journaliste Noureddine Boutar » la résolution a été adoptée au final par 496 voix pour, 28 contre et 13 abstentions, par le Parlement européen lors de la même séance plénière qui devait se pencher sur les cas de l’Iran et du Cambodge.
Appel à l’action
Le texte laisse de côté les questions migratoires pour exhorter l’Europe et les eurodéputés à l’action, extrait de la résolution :
« Profondément préoccupés par la dérive autoritaire du président Saied et son instrumentalisation de la situation socio-économique désastreuse de la Tunisie pour renverser la transition démocratique historique du pays, les députés demandent la fin de la répression en cours à l’encontre de la société civile dans le pays.
Ils exhortent les autorités tunisiennes à libérer immédiatement Noureddine Boutar, directeur de la plus grande station de radio indépendante de Tunisie, qui a été arrêté le mois dernier par des unités antiterroristes pour des motifs politiques et des allégations infondées.
Le Parlement demande instamment aux autorités de libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, y compris les journalistes, les juges, les avocats, les militants politiques et les syndicalistes, et de respecter la liberté d’expression et d’association et les droits des travailleurs, conformément à la Constitution tunisienne et aux traités internationaux.
Exhortant le chef de la politique étrangère de l’UE Josep Borrell et les États membres à dénoncer publiquement la grave détérioration de la situation des droits humains en Tunisie, les députés demandent la suspension des programmes spécifiques de soutien de l’UE aux ministères de la justice et des affaires intérieures.
Le Parlement condamne également fermement le discours raciste du Président Saied contre des migrants subsahariens et les attaques qui ont suivi et appelle les autorités à se conformer aux lois internationales et nationales ».
L’administration Biden réduit son aide économique au pays
La veille, le 15 mars 2023, c’est l’administration Biden qui a proposé de réduire l’aide économique américaine à la Tunisie l’année prochaine, mais tout en maintenant les niveaux actuels de l’aide militaire car déjà réduit de moitié auparavant, durant l’exercice précédent.
Ainsi le plan de dépenses du département d’État pour l’année fiscale 2024, qui vient d’être publié, prévoit une aide bilatérale globale de 68,3 millions de dollars pour la Tunisie, en baisse par rapport aux 106 millions de dollars demandés pour cette année.
Désormais l’administration propose dans cette enveloppe uniquement 14,5 millions de dollars de soutien économique américain à la Tunisie pour l’année fiscale qui débute en octobre, en nette baisse par rapport aux 45 millions de dollars demandés pour cette année.
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