Les harkis veulent ne pas être exclus du travail mémoriel sur la guerre d’Algérie

 Les harkis veulent ne pas être exclus du travail mémoriel sur la guerre d’Algérie

Les harkis, auxiliaires locaux de l’armée française ont été abandonnés par cette dernière après l’indépendance, poussant nombre d’entre eux à l’exil pour fuir les persécutions. Joel Saget / AFP.

Les harkis demandent un travail « sans parti pris idéologique ni falsification » à l’historien français Benjamin Stora. Ce dernier est chargé, avec un expert algérien, d’une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ». Mais, la question des harkis est « hors de discussion » selon la partie algérienne.

Les harkis s’invitent dans le débat sur la mission mémorielle commandée par les présidents Emmanuel Macron et Abdelamadjid Tebboune. Chacun d’eux a désigné un expert afin de travailler sur ses questions mémorielles. Il s’agissait pour les deux chefs d’État de « favoriser une réconciliation franco-algérienne ». L’universitaire Benjamin Stora a ainsi été chargé par M. Macron de « dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ». Alger a désigné de son côté Abdelmadjid Chikhi, conseiller responsable des archives nationales et de la mémoire nationale auprès de la présidence.

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Ce travail doit « faire connaître le passé, sans parti pris idéologique ni falsification », indique lundi un communiqué du Comité national de liaison des harkis (CNLH). L’organisation répondait ainsi aux déclarations de M. Chikhi. Ce dernier a en effet affirmé le 12 novembre à la revue de l’armée algérienne El-Djeich, que « certains dossiers sont hors de discussion, tel que le sujet des harkis ». Ajoutant « d’autant que leur départ en France a été un libre choix ».

 

Une reconnaissance et une réparation

« L’exil des harkis en 1962 ne fut pas un choix mais une question de survie », écrit lundi le CNLH sans nommer l’expert algérien. Il rappelle d’ailleurs le slogan de l’époque : « La valise ou le cercueil ». « L’actualité nous montre que M. Stora a encore un long chemin à parcourir, où il est souvent nécessaire de remplacer la vanité par le courage et les fantasmes par la vérité, pour rendre hommage à nos disparus et à nos martyrs tombés pour la France ! », ajoute le comité.

Le CNLH demande aussi au président français Emmanuel Macron « des actes concrets », dont « une loi de reconnaissance portant réparation ». La question « harki doit être portée devant le Parlement et la reconnaissance officielle de l’État français, gravée dans le marbre de la loi », écrit-il.

Les harkis – jusqu’à 200.000 hommes – sont d’anciens auxiliaires locaux de l’armée française pendant la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), qui opposa des nationalistes algériens à la puissance coloniale. À l’issue de cette guerre, marquée par nombres d’atrocités, les harkis ont été abandonnés par la France. Beaucoup d’entre eux furent victimes de massacres, ce que réfute toujours l’Algérie.