Les exportations tunisiennes particulièrement touchées par les mesures Trump

 Les exportations tunisiennes particulièrement touchées par les mesures Trump

Conformément à ses promesses électorales, le président américain Donald Trump vient d’instaurer une série de tarifs douaniers visant à réduire le déficit commercial des États-Unis. Ces mesures incluent une taxe uniforme de 10% à 50% sur toutes les importations, avec des surtaxes spécifiques pour certains pays, calculées selon une formule basée sur le déficit commercial bilatéral. Jusqu’ici excédentaire ans sa balance commerciale avec les USA, la Tunisie se trouve par conséquent dans la fourchette haute de ces nouvelles taxations.

Les plus hautes depuis 1968, ces récentes augmentations tarifaires mises en place par l’administration Trump sur les marchandises tunisiennes, notamment sur des produits phares tels que l’huile d’olive, suscitent de vives interrogations quant à leurs modalités de calcul et leurs répercussions sur l’économie tunisienne. En effet, l’imposition d’une surtaxe énorme de +28 % sur certains produits s’inscrit dans une stratégie globale visant à rééquilibrer la balance commerciale entre les États-Unis et leurs partenaires commerciaux.

La méthode de calcul de ces tarifs repose sur une formule complexe prenant en compte le déficit commercial bilatéral. Concrètement, l’administration américaine évalue l’excédent commercial qu’un pays présente avec les États-Unis, le rapportant aux exportations totales de ce pays vers le marché américain.

Ce ratio est ensuite divisé par deux pour déterminer le taux de surtaxe applicable. Or, ce mécanisme, en apparence purement mathématique, traduit une volonté de sanctionner les partenaires considérés comme contribuant de manière disproportionnée à la balance commerciale négative des États-Unis. Pour la Tunisie, dont les exportations vers l’Amérique sont moins volumineuses que celles vers d’autres marchés, ce calcul aboutit à un taux spécifique de 28 %, impactant ainsi directement l’ensemble des produits tunisiens soumis à cette mesure.

Le secteur oléicole impacté de plein fouet

Outre le textile et les dattes, l’huile d’olive, produit emblématique de l’économie tunisienne, se retrouve au cœur de cette polémique. La Tunisie, deuxième producteur mondial d’huile d’olive, voit dans ce secteur l’une de ses principales sources de devises et d’emplois pour un grand nombre d’agriculteurs et d’artisans. L’application de la surtaxe de +28 % risque donc de rendre ce produit moins compétitif sur le marché américain. Les coûts supplémentaires induits par la taxe se répercutent inévitablement sur le prix final, réduisant ainsi l’attractivité de l’huile d’olive tunisienne face aux concurrents internationaux.

Mais au-delà de l’impact direct sur le secteur oléicole, ces mesures douanières pourraient avoir des conséquences plus larges sur la balance commerciale de la Tunisie. Une diminution des exportations américaines signifierait une perte de revenus non seulement pour les producteurs d’huile d’olive, mais également pour l’ensemble de l’économie tunisienne, déjà confrontée à des défis structurels. La réduction des échanges commerciaux avec l’un des marchés potentiellement stratégiques inciterait les autorités tunisiennes à rechercher de nouveaux partenariats économiques et à diversifier leurs débouchés.

Paradoxalement, cette situation pourrait encourager une réorientation des exportations vers l’Union européenne dont la Tunisie cherchait à s’affranchir sous présidence Saïed, ou d’autres zones géographiques, bien que cela demandera sans doute du temps et des investissements de sorte d’adapter les filières exportatrices aux exigences de ces nouveaux marchés.

Pour rappel, les droits de douane entreront en vigueur en deux phases : le 5 avril 2025 pour la taxe de base de 10 %, et le 9 avril 2025 pour les tarifs spécifiques à chaque pays. Les autorités tunisiennes maintiennent le silence 48 heures après cette annonce. L’executive order (décret) promulgué par Trump varie entre 46% comme c’est le cas pour le Vietnam, 34% pour la Chine, et un minimum de 10% pour la plupart des pays africains. Relativement épargné, le Maroc n’écope que de 10%, mais les produits algériens seront taxés à hauteur de 30 %, contre 18,9 % auparavant.

 

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