Les autorités tunisiennes répondent aux Haut-Commissariat des Nations Unies

 Les autorités tunisiennes répondent aux Haut-Commissariat des Nations Unies

C’est avec près d’une semaine de retard que le ministère des Affaires étrangères tunisien a finalement publié dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 février, vers 01h00 du matin, un communiqué pour répondre à celui à charge formulé mardi dernier par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme relatif à la situation des libertés dans le pays.

Dans ce texte fleuve dont la date de publication n’a visiblement pas la notion du temps rapide du monde diplomatique contemporain et où des internautes tunisiens, amusés, ont cru reconnaître le style linguistique du chef de l’Etat, la tonalité est une fois de plus celle de l’étonnement feint, à la surprise et à l’indignation :

« La Tunisie a reçu avec une profonde stupéfaction les inexactitudes et critiques contenues dans le communiqué publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), concernant la situation de certains citoyens tunisiens faisant l’objet de poursuites judiciaires par la justice nationale », pose le texte qui poursuit que « la Tunisie n’a pas besoin de souligner son attachement à la protection des droits de l’Homme, car elle croit fermement en ces droits et respecte les dispositions de sa Constitution, de ses lois nationales et de ses engagements internationaux aux niveaux régional et international ».

 

Un raisonnement circulaire

S’en suit une sorte de mise en réciprocité : « L’État tunisien aurait pu condamner des pratiques qui seraient considérées comme des violations flagrantes des droits de l’Homme, mais il s’en est abstenu car il refuse de s’ingérer dans les affaires des autres. Dans ce contexte, la Tunisie pourrait donner des leçons à ceux qui pensent être en position de faire des déclarations ou donner des leçons ».

Plus loin, on peut y lire une longue tirade concernant le cœur du sujet en question, les prisonniers que l’ONU considère être des détenus politiques : « Quant à ceux qui ont été déférés devant la justice, cela relève de la discrétion indépendante des juges, et aucun organe non judiciaire n’intervient dans les mesures prises par les juges dans le cadre de l’application de la loi, qui exige la garantie de toutes les protections judiciaires, y compris un traitement qui ne porte pas atteinte à la dignité humaine, le droit à la défense et d’autres garanties. Dans ce contexte, la Tunisie affirme que le renvoi des accusés mentionnés dans la déclaration a été effectué pour des crimes de droit public qui n’ont aucun lien avec leur activité partisane, politique ou médiatique, ou avec l’exercice de la liberté d’opinion et d’expression. Nul ne peut prétendre être au-dessus de toute responsabilité ou utiliser des pressions, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, pour échapper à la justice ou à la sanction. »

Pourtant, de nombreux observateurs ont estimé que la libération de trois importantes figures publiques la semaine dernière, au lendemain du communiqué du HCDH, notamment de Sihem Bensedrine, faisait précisément écho aux accusations onusiennes.

Des opposants tunisiens s’indignent du reste du fait que le communiqué aux relents souverainistes de la diplomatie tunisienne abonde dans le détail des procès intentés aux personnalités concernées. Des procès qui constituent, ironie du sort, des affaires nationales purement internes et qui sont en règle générale à bannir des échanges diplomatiques à l’international.