Les attentats de 2015, un « tournant » pour les musulmans en France

 Les attentats de 2015, un « tournant » pour les musulmans en France

Grande Mosquée de Paris, le 28 juin 2023. (Photo : Zakaria ABDELKAFI / AFP)

Depuis 2015, de nombreux musulmans pointent une méfiance grandissante à leur égard, qu’ils voient nourrie d’amalgames dans certains médias.

C’est ce que la Fondation de l’Islam de France nomme une « annus horribilis ». Cette structure a justement été créée dans le sillage de ces attaques.

Après ces attentats, qui ont fait 17 morts en janvier (notamment dans les locaux de Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher) et 130 en novembre (au Bataclan et sur plusieurs terrasses parisiennes), plusieurs lieux de culte musulmans ont subi des dégradations.

Au total, l’année s’était soldée par un pic de 429 actes antimusulmans, selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme.

Échéance de nationalité et candidature d’Éric Zemmour

En janvier 2015, le gouvernement socialiste semblait éviter le terme « islamisme ». Alors que la déclaration de l’état d’urgence, le 13 novembre, a créé un point de bascule. Ce sont alors essentiellement des musulmans qui sont visités par des perquisitions administratives.

Le débat sur la déchéance de nationalité, sous la présidence de François Hollande, a aussi été mal vécu par une partie des musulmans bi-nationaux. Plus tard, il y a eu le discours d’Emmanuel Macron sur le séparatisme, suivi de la loi sur le même sujet en juillet 2021.

Il y a ensuite eu, depuis l’élection présidentielle de 2022, la candidature d’Éric Zemmour, condamné pour des propos antimusulmans tenus en 2016.

Cet autre étranger

La dernière décennie a été marquée par plusieurs attaques meurtrières aux motivations jihadistes : Nice en 2016, assassinats des enseignants Samuel Paty en 2020 et Dominique Bernard en 2023.

Selon la Fondation de l’Islam de France, « la figure du musulman est devenue cet autre étranger, envahisseur, inintégrable, et donc à l’origine de ce fameux grand remplacement ».

Le retour régulier de sujets liés au voile, burkini dans les piscines en 2022 à Grenoble, abaya à l’école en 2023, est aussi ressenti par beaucoup comme une stigmatisation. Tout comme les menaces pesant sur les contrats de plusieurs lycées privés musulmans, tels Averroès à Lille ou al-Kindi près de Lyon.

La France compte entre cinq et six millions de musulmans pratiquants et non-pratiquants, selon plusieurs études, ce qui fait de l’islam la deuxième religion du pays.