Les 10 crises humanitaires les plus négligées au monde sont en Afrique

 Les 10 crises humanitaires les plus négligées au monde sont en Afrique

Du Mali à l’Ethiopie, les 10 crises les plus négligées dans le monde sont en Afrique. Norwegian Refugee Council

Alors que va se refermer la 77e Assemblée générale des Nations unies cette semaine, le monde apparait de plus en plus miné par les guerres et les crises. Si l’aide humanitaire tente de répondre aux énormes besoins, les populations affectées ne reçoivent pas toutes la même attention. Selon le Norwegian Refugee Council, les 10 crises les plus négligées se trouvent toutes en Afrique. Une première depuis que l’ONG établit ce classement.

Des populations entières doivent fuir leurs domiciles face à la violence ou aux effets du changement climatique. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime que la barre des 100 millions de personnes déracinées dans le monde a été franchie. Un tiers d’entre elles sont Africaines, un record. Alors que l’attention mondiale se porte sur la Russie et l’Ukraine, l’Afrique semble passer au second plan. Pourtant, c’est sur son sol que se déroulent les 10 crises de déplacement de population les plus négligées au monde (lien en anglais).

Pour le Norwegian Refugee Council (NRC), qui publie une liste annuelle des crises recevant le moins d’attention, c’est la première fois qu’elles se trouvent toutes sur le continent africain. L’ONG mesure les situations en fonction de trois variables : « le manque de volonté politique internationale, le manque d’aide humanitaire et le manque d’intérêt des médias ».

 

L’arc des crises, du Mali à l’Éthiopie

« Avec la polarisation autour de la guerre qui se déroule en Ukraine sur le sol européen, je crains que la souffrance africaine ne passe encore un peu plus à l’arrière-plan », alerte Jan Egeland, le secrétaire général de NRC. Par ordre décroissant de l’intérêt porté, l’organisation a ainsi listé la République démocratique du Congo (RDC), le Burkina Faso, le Cameroun, le Soudan du Sud, le Tchad, le Mali, le Soudan, le Nigeria, le Burundi et l’Éthiopie.

À elle seule, la RDC compte 5,5 millions de personnes déplacées et 1 million de réfugiés en 2021. Un cas d’école en matière de négligence internationale, malgré le déploiement coûteux de la Monusco depuis 1999. « C’est l’une des pires crises humanitaires du siècle », souligne Jan Egeland. Alors que 27% de sa population a souffert de la faim en 2021, aucune réunion de haut niveau de pays donateurs ne s’est tenue sur la RDC. Les différentes agences des Nations Unies n’ont reçu que 44% des 2 milliards de dollars nécessaires à l’aide humanitaire en 2021.

Situation similaire au Soudan, qui compte 1 million de réfugiés et plus de 3 millions de déplacés internes. En raison d’un manque de financement, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé en juin devoir diviser par deux le volume de l’aide alimentaire en raison d’un manque de financements. Une annonce qui intervient alors que les violences, la crise économique et l’impasse politique pourraient plonger 15 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire dès l’automne 2022.

 

Terrorisme et migrations, priorités des donateurs

Au Sahel central, plongé dans la spirale de la violence, de la pauvreté et du changement climatique, le nombre de personnes déplacées a été multiplié par dix en moins de dix ans. Il est passé de 213 000 en 2013 à 2,6 millions fin 2021. Le bassin du lac Tchad s’avère particulièrement vulnérable. La protection des déplacés y reste des plus sommaires, selon l’ONG norvégienne.

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« L’oubli relatif du Sahel central tient au fait que les donateurs se soucient surtout de la situation sécuritaire et migratoire, en dégageant des ressources pour ces questions, au lieu de l’aide humanitaire, explique pour sa part Richard Danziger, ancien directeur régional de l’Organisation internationale des migrations (IOM) en Afrique de l’Ouest et Centrale.

Quand on pense au Sahel, le terrorisme et la migration vers l’Europe via la Libye sont les premières choses qui viennent à l’esprit, et non les milliers de personnes déplacées qui n’ont pas les moyens de vivre sans aide. En outre, ce ne sont pas ces personnes déplacées qui disposent des ressources pour voyager vers la Méditerranée ».