L’enfant du Paradis de Salim Kechiouche, de l’intime à l’universel
Depuis quelques mois, l’acteur Salim Kechiouche, devenu le temps d’un tournage réalisateur, le clame haut et fort : son premier film, « L’enfant du paradis », sorti ce mercredi 6 décembre, a été fait avec beaucoup de « sincérité, d’amour et de liberté ». Et cela se voit. Cet ovni cinématographique de 72 minutes ne laissera personne indifférent.
L’histoire : Yazid, interprété par Salim Kechiouche, est comédien. Après quelques difficultés, le jeune homme semble reprendre du poil de la bête et les tournages s’enchaînent enfin pour lui. Yazid ne boit plus, ne prend plus de drogues depuis six mois. Il veut montrer à Garance, sa fiancée, et à Hassan, son fils de 16 ans, – il est séparé de la mère -, qu’il est désormais un autre homme. Mais les démons ne sont jamais loin, surtout quand tout autour de lui semble le ramener à son passé. Arrivera-t-il à surmonter les obstacles ou flanchera-t-il de nouveau ?
Le long métrage réalisé par Salim Kechiouche est maîtrisé de bout en bout, de la lumière, au cadre en passant par la direction d’acteur. La caméra au plus proche des comédiens, au ton naturaliste, flirte avec bonheur avec le documentaire.
L’utilisation habile de vidéos d’archives, – il s’agit d’images de Salim Kechiouche enfant -, offre un regard émouvant sur l’enfance de Yazid en Algérie, tout en servant de toile de fond à son cheminement actuel. Le film impressionne aussi par ses touches d’humour particulièrement réussies et d’une spontanéité rare, qui contrastent avec la trame de fond dramatique sans jamais l’éclipser.
« L’enfant du Paradis » nous rappelle le « Tu Mérites un amour », le premier opus remarqué de l’actrice Hafsia Herzi sorti en 2019 et sélectionné à Cannes. Comme elle, Salim Kechiouche oublie de faire un film communautaire, comme c’est trop souvent le cas. Cette fresque de 72 minutes, où le rôle principal est interprété par un Maghrébin, dépasse le cadre de l’intime pour toucher à l’universel. Enfin…