Législatives Montpellier. « On est encore les dindons de la farce », Gemel Ben Saïd, déçu de sa non-investiture pour la France insoumise
La colère gronde chez les militants des quartiers populaires, sympathisants de la France Insoumise. Avec ce sentiment encore une fois de s’être fait avoir. Alors que les législatives vont avoir lieu dans 5 semaines (le 12 et le 19 juin prochain), ils sont de plus en plus nombreux, de Dreux, à Bobigny, en passant par Roubaix, Creil ou Montpellier, à dénoncer « les parachutages » de candidats et « l’absence de diversité » chez les investis. Selon nos informations, à peine une dizaine de candidats (sur les 577) seraient issus de la diversité pour représenter la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) dirigée par Mélenchon aux législatives.
Gemel Ben Saïd, éducateur depuis 25 ans dans les quartiers ouest de Montpelier, avait postulé pour représenter la NUPES aux Législatives, s’estimant légitime après ses trois candidatures, deux aux élections départementales et une aux municipales. Mais c’est Julien Colet, l’un des représentants locaux de la France insoumise « plus proche de l’appareil », dixit Gemel Bensaïd, qui aurait été choisi.
La décision des instances de la France insoumise de ne pas vous donner l’investiture vous a-t-elle surpris ?
Franchement, non. Au fond de moi, je savais que je ne serai pas investi. Les partis politiques fonctionnent peu ou prou toujours de la même manière malgré leurs beaux discours. Rien n’a changé et ce sont souvent les apparatchiks qui sont récompensés, au détriment des militants de terrain.
C’est un peu de ma faute : je devrais aller plus souvent dans les meetings et réseauter davantage ! J’ai un problème : je suis plutôt du genre à rester au quartier pour tenter de faire bouger les choses …
On vous sent aigri …
Pas aigri, déçu. Déçu de voir qu’on a affaire au même mode de fonctionnement à la France insoumise qu’ailleurs. Mon cas n’est pas un cas isolé. Je discute beaucoup avec d’autres militants des quartiers populaires un peu partout en France et tous dressent le même constat. Encore une fois, on s’est fait avoir.
On s’est voilé la face mais en termes de diversité, faudra repasser avec la France insoumise. L’immense majorité des candidats investis dans nos quartiers populaires ne seront pas à l’image de nos quartiers. On nous aime quand on colle des affiches mais pour le reste, on peut toujours attendre. L’union de la gauche c’est bien, mais il faudrait tout de même un peu plus de respect pour les militants qui luttent au quotidien depuis 30 ans.
Au premier tour des élections présidentielles, nous nous sommes battus pour que les habitants votent pour Mélenchon et au final, nous sommes méprisés. Nous ne demandons pas la Lune, juste que les choses soient plus justes. Ce n’est pas parce qu’on ne passe pas à la télé ou que nous n’avons pas 500 000 abonnés sur Twitter que nous ne comptons pas.
Que comptez-vous faire ?
Je vais mettre ma rancœur de côté et tout faire pour que le candidat désigné par les instances dirigeantes de la France insoumise l’emporte. Et il y a de grandes chances qu’il gagne : Mélenchon est arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle dans toute la ville de Montpellier.
La retraite à 60 ans, l’augmentation du SMIC, le sort de notre planète etc., sont des sujets trop importants, qui dépassent ma propre personne. Mais les responsables de la France insoumise devraient se souvenir que le vote des quartiers populaires ne lui sont pas acquis. Et se rappeler que ce qui est fait pour nous, sans nous, sera fait contre nous. Qu’ils demandent au Parti socialiste…