Législatives anticipées en Algérie : le principal parti islamiste revendique la victoire

 Législatives anticipées en Algérie : le principal parti islamiste revendique la victoire

Seul un électeur sur trois a fait le déplacement pour voter lors des législatives anticipées de juin 2021 en Algérie.

Le principal parti islamiste en lice, le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), a revendiqué dimanche la victoire au lendemain des élections législatives anticipées en Algérie. Les résultats officiels se font encore attendre.

Ces législatives en Algérie ont connu un très fort taux d’abstention, nouveau signe de désintérêt de la population. Seul un électeur sur trois a fait le déplacement selon les chiffres officiels. Un nouveau revers pour les autorités, notamment dû au boycott du scrutin par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l’opposition.

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« Le MSP affirme arriver en tête dans la majorité des wilayas (préfectures) et à l’étranger », selon un communiqué de ce parti conservateur, considéré comme modéré. Le parti islamiste « met en garde contre les nombreuses tentatives de modifier les résultats du scrutin comme cela se faisait avant ».

« Nous appelons le président de la République à faire respecter la volonté populaire », insiste ce parti. À la tête de l’opposition parlementaire, le MSP avait décidé de participer au scrutin pour « contribuer au changement souhaité ». Dans un communiqué, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a réfuté des déclarations « infondées », sans nommer le parti islamiste.

 

Pas de résultats officiels avant plusieurs jours

Le président de l’ANIE, Mohamed Chorfi, devait faire une déclaration dimanche pour dévoiler des résultats provisoires. Mais, sa conférence de presse a été reportée. L’autorité évoque un dépouillement « compliqué ». Elle explique donc ne pas pouvoir proclamer de résultats officiels avant plusieurs jours.

Si elle se confirme, la victoire des islamistes n’est pas une surprise à proprement parler. Certains analystes prédisaient une majorité relative pour les partis de la mouvance islamiste. Légalistes, ces partis rejettent toute accointance avec l’ex-Front islamique du Salut (dissous) et le terrorisme islamiste de la guerre civile (1992-2002). Ils assurent être « prêts à gouverner ».

« Ils se réclament d’un islamisme modéré et ne constituent pas de danger pour la démocratie », estimait à la veille du scrutin le politologue algérien Mansour Kedidir.

 

« Raz-de-marée abstentionniste »

Enjeu principal, le taux de participation provisoire n’a atteint que 30,20 %, selon M. Chorfi. Soit un chiffre en retrait par rapport aux deux dernières législatives et à la présidentielle de 2019, qui avait vu M. Tebboune être élu avec seulement 40 % de participation.

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« Raz-de-marée abstentionniste », titre ainsi Liberté en Une. Ce qui confirme, selon le quotidien francophone, « la tendance lourde au rejet du scrutin ». Mais quoi qu’il arrive, le pouvoir s’en accommodera. Le président Tebboune a d’ores et déjà estimé que le taux de participation n’avait « pas d’importance ». Ce « qui m’importe, c’est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante », a-t-il dit.

Les opérations de vote se sont déroulées généralement dans le calme à Alger et en province, sauf en Kabylie, région traditionnellement frondeuse. Avant les élections, le Hirak, qui réclame en vain un changement radical du « système » de gouvernance en place depuis l’indépendance (1962), avait dénoncé une « mascarade électorale ».

L’opposition laïque et de gauche a boycotté le scrutin. Qu’importe, le pouvoir est déterminé à imposer sa « feuille de route » électoraliste. Il continue ainsi d’ignorer les revendications du Hirak : État de droit, transition démocratique, justice indépendante.