L’écrivain palestinien Walid Daqqa décède en prison en Israël, après trente-huit ans de prison

 L’écrivain palestinien Walid Daqqa décède en prison en Israël, après trente-huit ans de prison

Plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux. Emprisonné depuis trente-huit ans dans une geôle israélienne, Walid Daqqa, militant politique et écrivain est mort ce dimanche 7 avril 2024 en détention. Il avait 63 ans et souffrait d’une myélofibrose, une forme de cancer de la moelle osseuse.

 

Avant son décès, Amnesty International avait appelé en mars 2023 à la libération de Walid Daqqa, soulignant les mauvais traitements et les négligences médicales qu’il subissait en détention depuis le 7 octobre :« Depuis le 7 octobre 2023, Walid Daqqa est torturé, humilié, privé de visites de sa famille et confronté à de nouvelles négligences médicales. Au cours de cette période, il a été transféré deux fois à l’hôpital en raison de la détérioration de son état de santé », précisait l’ONG.

Arrêté le 25 mars 1986, Walid Daqqa avait été condamné l’année suivante à la perpétuité, par un tribunal militaire israélien, pour son appartenance au FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine), responsable, selon les autorités israéliennes, de l’enlèvement et du meurtre d’un soldat israélien, Moshe Tamam, en 1984. Walid Daqqa n’était pas présent au moment du kidnapping et n’a pas été condamné pour assassinat.

En 2012, sa perpétuité a été ramenée à trente-sept ans – il aurait dû sortir en mars 2023. Mais en 2018, il a été condamné à deux ans de détention supplémentaires pour avoir fait passer des téléphones portables au sein de la prison.

En près de quatre décennies derrière les barreaux, Walid Daqqa a publié plusieurs romans et contes, obtenu un master. Il était l’auteur de plusieurs romans dont « Témoignages de résistance » (2004), « La conscience façonnée ou la ré-identification de la torture » (2010), « L’histoire secrète de l’huile » (2018), ou encore « Le conte secret de l’esprit » (2022).

Son frère, Ass’ad Daqqa, a déclaré lundi 8 avril que sa dépouille n’avait pas été remise à la famille sur ordre du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Depuis plusieurs années, les autorités israéliennes refusent de rendre les corps des prisonniers et les enterrent dans des cimetières tenus secrets. Les corps sont également conservés comme monnaie d’échange pour les futurs échanges de prisonniers.

La police israélienne a également interdit le rassemblement funéraire en hommage à Walid Daqqa et a dispersé violemment les visiteurs venus présenter leurs condoléances au domicile du défunt.

Comme l’ont rappelé nos confrères du Monde, dans un texte intitulé Temps parallèle, en 2006, marquant ses vingt ans de détention, Walid Daqqa racontait ainsi sa condition. « En 1996, j’ai entendu le klaxon d’une Subaru pour la première fois depuis dix ans, et j’ai pleuré, écrit-il. Ici, par exemple, on ne se demande pas quand on va se revoir, ni où. On s’est rencontrés et on se rencontre continuellement au même endroit. On se déplace ainsi à l’improviste, le long de la frontière entre le passé et le présent. Et chaque moment au-delà du présent est un futur inconnu, que l’on ne sait pas comment gérer. Notre futur est hors de contrôle.»

Walid Daqqa laisse derrière lui une petite fille de 4 ans conçue par insémination artificielle en 2020.

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