Le tuniso-américain Moungi Bawendi lauréat du prix Nobel de chimie
Le chimiste d’origine tunisienne Moungi Bawendi, l’un des pionniers de la recherche sur les points quantiques dans le monde, a obtenu le Prix Nobel de Chimie 2023 pour ses découvertes aux côtés de Louis E. Brus et Alexey Ekimov. Portrait.
L’ambassade américaine à Tunis a adressé un message de félicitations au « Tuniso américain » Moungi Bawendi
Après le prix Nobel de la paix décerné en 2015 au quartet tunisien du dialogue national, le Nobel de chimie 2023 a donc été décerné au tunisien Moungi Bawendi du Massachusetts Institute of Technology (MIT), à l’américain Louis Brus et au russe Alexei Ekimov pour la découverte ainsi que la synthèse de points quantiques, également appelés boîtes quantiques (ou « quantum dots » en anglais), notamment intégrés dans les écrans des moniteurs et téléviseurs ces dernières années, entre autres usages industriels.
Moungi Gabriel Bawendi, né le 15 mars 1961, est un un chimiste tuniso-américain, un des pionniers de la recherche sur les points quantiques et l’un des chimistes les plus cités du monde. Bawendi a été nommé professeur agrégé au MIT en 1995, puis professeur des universités au sein de la même institution en 1996. Si pour certaines voix spécialisées dans le dénigrement de soi ont réfuté la « tunisianité » de ce lauréat fierté nationale, arguant que ce dernier « n’est plus tunisien depuis deux générations », il convient de rappeler que son père, feu le Professeur Salah Bawendi (1937 – 2011), est diplômé du prestigieux Collège Sadiki à Tunis. Il est aussi le fils de la française Hélène Bawendi, née Bobard.
Un parcours aussi discret qu’exemplaire
Moungi Bawendi immigre avec sa famille aux États-Unis dès son enfance, après avoir par ailleurs passé ses premières années en France puis en Tunisie. Il bénéficie ainsi des nationalités tunisienne, française et américaine.
Aux États-Unis, il fait ses études scientifiques et obtient une licence appliquée et un master en chimie de l’université Harvard, respectivement en 1982 et 1983 et un doctorat en chimie de l’université de Chicago en 1988. Sa thèse de doctorat, qui s’intitule « From the biggest to the smallest polyatomic molecules: statistical mechanics and quantum mechanics in action », est préparée sous la direction des professeurs Karl Frederick Freed et Takeshi Oka.
Après son doctorat, il effectue un stage postdoctoral de deux ans aux Laboratoires Bell, sous la direction de Louis E. Brus, où il commence à s’intéresser aux nanomatériaux avant d’intégrer le Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1990 en tant que professeur assistant. Là-bas, il continue de mener des recherches sur les nanomatériaux et particulièrement sur les boîtes quantiques. Ces efforts aboutissent au développement des premières techniques de production des premiers points quantiques de haute qualité et du contrôle de la taille des points quantiques et de la couleur de leur fluorescence en 1993. Cette performance lui permet d’être nommé professeur agrégé au MIT en 1995 puis professeur des universités au sein de la même institution en 1996.
Une fois nommé professeur au MIT, Moungi G. Bawendi étend ses domaines d’intérêt en créant son propre laboratoire de nanochimie et commence à réaliser des recherches interdisciplinaires visant à sonder la science et à développer la technologie des nanocristaux et autres nanostructures synthétisés chimiquement.
Ces travaux, qui lui permettent de devenir une référence internationale en nanochimie durant les années 2000, visent la mise au point de nouvelles méthodes de synthèse, de caractérisation et de traitement des points quantiques, des nanoparticules magnétiques et des agrégats J tubulaires en tant que nouveaux éléments constitutifs des matériaux ; ils permettent aussi l’étude des propriétés optiques et magnétiques fondamentales des nanostructures, en utilisant une variété de méthodes spectroscopiques, notamment le développement d’outils de corrélation optique de photons pour étudier les émetteurs nanoscopiques simples, l’incorporation des points quantiques et des particules magnétiques dans diverses structures de dispositifs optiques et électroniques et le développement des nanoparticules et d’autres agents pour l’imagerie médicale.
Il est décerné une fois par an par l’Académie norvégienne des sciences et des lettres, et est doté de 6 millions de couronnes norvégiennes, soit environ 600 000 euros.