Scandale Ben Battouche : la justice espagnole, prise en otage
Le scandale Ben Battouche continue toujours de faire des turbulences dans la sphère politique en Espagne et risque de nuire aux relations de bon voisinage entre le Maroc et son voisin du Nord.
Lundi 31 mai, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a indiqué que la comparution, mardi 1er juin, de Brahim Ghali devant la Haute Cour nationale espagnole est, certes, une « évolution » dont le Maroc prend note, mais elle « ne constitue pas, pour autant, le fond de la crise grave » entre les deux pays voisins.
Pour le Maroc, cette comparution vient ensuite montrer le vrai visage du polisario incarné par un dirigeant qui a commis des crimes abjects, qui viole, torture, bafoue les droits de l’Homme et commandite des actes terroristes, précise la déclaration, ajoutant que cette comparution souligne la responsabilité de l’Espagne envers elle-même, puisque les victimes de Ghali sont avant tout espagnoles.
La comparution de Brahim Ghali constitue, donc, le début d’une première reconnaissance des droits des victimes et de la responsabilité criminelle et pénale de cet individu, poursuit le ministère. Ce dernier note que c’est aussi la première fois que la justice espagnole convoque ce responsable et lui oppose des plaintes pour des crimes graves.
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Une crise qui dépasse de loin la marionnette Ben Battouche
Selon la déclaration du ministère des Affaires étrangères, le fond de la crise entre le Maroc et l’Espagne est une question d’arrière-pensées espagnoles hostiles au sujet du Sahara, cause sacrée de l’ensemble du peuple marocain.
« La crise n’est pas liée au cas d’un homme. Elle ne commence pas avec son arrivée pas plus qu’elle ne s’achève avec son départ. C’est d’abord une histoire de confiance et de respect mutuel rompus entre le Maroc et l’Espagne », ajoute le ministère, précisant que « c’est un test pour la fiabilité du partenariat entre le Maroc et l’Espagne ».
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Si la crise entre le Maroc et l’Espagne ne peut s’arrêter sans la comparution du dénommé Ghali, elle ne peut pas non plus se résoudre avec sa seule audition, martèle le ministère, relevant que les attentes légitimes du Maroc se situent au-delà : elles commencent par une clarification, sans ambiguïté, par l’Espagne de ses choix, de ses décisions et de ses positions.
Pour le Maroc, « la manière avec laquelle il est rentré en Espagne – avec un faux passeport, sous une fausse identité algérienne et dans un avion présidentiel algérien – trahit l’essence même de cette milice séparatiste », explique le ministère.
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Au-delà du cas du dénommé Ghali, cette affaire a « dévoilé les attitudes hostiles et les stratégies nuisibles de l’Espagne à l’égard de la question du Sahara Marocain et a révélé les connivences de notre voisin du Nord avec les adversaires du Royaume pour porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc », affirme la même source.
La politique du Maroc envers l’Espagne a toujours été limpide, notant que lors de la crise catalane, le Maroc n’a pas choisi la neutralité ; il a été parmi les tout premiers à se ranger sans ambages et de manière claire et forte, du côté de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de son voisin du Nord.
« La question est légitime : qu’aurait été la réaction de l’Espagne si une figure du séparatisme espagnol avait été reçue au sein du Palais Royal Marocain ? Qu’aurait été la réaction de l’Espagne si cette figure avait était reçue publiquement et officiellement par son allié stratégique, son partenaire commercial important, et son plus proche voisin du Sud ? », se demande le ministère.
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