Le saississant « L’Affaire Maureen Kearney » de Nina Robert
Dans cette mini-série documentaire pour France Televisions, la réalisatrice Nina Robert revient sur la vie et la difficulté de la lanceuse d’alerte, Maureen Kearney. Alors syndicaliste à Areva, elle va subir une agression et un viol qui ne seront jamais résolus. Pire, elle se voit reprocher une « dénonciation calomnieuse », un procès qu’elle gagnera en appel.
Il faut reconnaitre le courage des producteurs (Le Bureau-Citizen Films) et de France 3 Ile de France, d’avoir produit ces documentaires aussi poignants sur ces « petites gens » qui s’élèvent contre des mastodontes économiques. Maureen Kearney en fait partie. Syndicaliste au sein d’Areva, elle dénonce les accords mettant en lumière un transfert de technologie nucléaire français au bénéfice des Chinois. Elle se retrouve ainsi au coeur de la rivalité entre deux géants industriels : Areva et EDF
Le 17 décembre 2012, elle est retrouvée chez elle, ligotée, la lettre A scarifiée sur le ventre et un manche de couteau enfoncé dans les parties génitales. Un acte ignoble qui va se retourner dans un premier temps contre la syndicaliste, Maureen Kearney. Contre toute attente, on l’accuse de « dénonciation mensongère ». On la calomnie. Il lui faudra toute sa « force intérieure », celle de ses proches et avocats pour gagner en appel.
Dans cette mini-série documentaire, la réalisatrice Nina Robert a mené cette contre-enquête qui vise juste. Un besoin d’affirmer le rôle des lanceurs d’alerte et de leurs protections.
Voir les épisode de la mini-série documentaire « L’affaire Maureen Kearney » ici
Nina Robert : « J’ai eu un sentiment d’injustice et d’écœurement »
Le Courrier de l’Atlas : Comment en êtes vous venus à traiter l’enquête de « L’Affaire Maureen Kearney » ?
Nina Robert : Je n’ai pas la fibre journalistique. Je voulais plutôt mener des documentaires au long cours. J’ai rencontré Maureen et elle m’a donné envie de faire ces films. Un documentaire est fait de rencontres humaines. J’ai eu un sentiment d’injustice et d’écoeurement en apprenant ce qui lui est arrivé. J’ai voulu raconter son histoire le plus simplement possible.
Le Courrier de l’Atlas : Qu’est ce qui vous a le plus révolté dans cette affaire ?
Nina Robert : J’ai été révolté par beaucoup de choses et notamment par l’attitude de la justice. Ce retournement et la violence qu’elle a du subir m’ont ulcéré. Attendre cinq ans pour se voir condamné ! Je me demande même comment elle n’est pas devenue folle. Tout est rocambolesque dans cette histoire.
Le Courrier de l’Atlas : La série résonne aussi comme un plaidoyer pour les lanceurs d’alerte ?
Nina Robert : Maureen Kearney est une lanceuse d’alerte malgré elle. Nous vivons dans un monde agressif, intolérant et mesquin et je voulais mettre en lumière l’une de ces anonymes pleins de courage. Dans ce film, j’ai rencontré des gens vrais. Le fait que le film existe aide Maureen à se sentir plus forte et à être entendue enfin.
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