Le Royaume-Uni suscite l’indignation en adoptant sa loi d’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda
L’adoption par le Parlement britannique d’une loi permettant l’expulsion de demandeurs d’asile vers le Rwanda fait l’objet de vives critiques tant au niveau national qu’international. Cette mesure, saluée comme « historique » par le Premier ministre Rishi Sunak, soulève des préoccupations concernant les droits de l’homme et l’État de droit.
Les réactions internationales se multiplient après l’adoption par le Parlement britannique d’une loi permettant l’expulsion de demandeurs d’asile vers le Rwanda. Cette législation qui fait du Rwanda un « pays sûr » au regard du droit britannique est qualifiée d' »historique » par le Premier ministre conservateur Rishi Sunak. Mais, elle suscite surtout l’indignation de diverses organisations et instances internationales.
Après des mois de débats, le Parlement britannique a approuvé le projet de loi dans la nuit de lundi à mardi. Cette mesure vise à permettre expulser les demandeurs d’asile entrés illégalement au Royaume-Uni vers le Rwanda, avec pour objectif de débuter les expulsions dans les 10 à 12 semaines à venir.
L’ONU et le Conseil de l’Europe pointent un dangereux précédent
L’ONU a exprimé sa préoccupation, appelant le Royaume-Uni à « reconsidérer son plan ». Les hauts-commissaires aux droits de l’homme et aux réfugiés ont souligné l’importance de prendre des mesures conformes au droit international des droits de l’homme et de coopérer avec la communauté internationale pour gérer les flux de réfugiés de manière humaine.
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Le commissaire du Conseil de l’Europe pour les droits de l’homme, Michael O’Flaherty, a qualifié pour sa part cette loi d' »atteinte à l’indépendance de la justice ». Le Monsieur Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, dont le Royaume-Uni est membre, fait référence à la tentative avortée de juin 2022. Une décision in extremis de la Cour européenne des droits de l’homme avait alors empêché le départ d’un vol d’expulsion vers Kigali.
Londres et Kigali dans le même bateau
Malgré les critiques, le gouvernement britannique se réjouit de cette avancée législative, tandis que le gouvernement rwandais se dit « satisfait » de cette coopération. Pourtant, cette décision divise l’opinion, avec des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International dénonçant une « honte nationale » et une « menace significative pour l’État de droit ».
Le projet de loi prévoit en effet d’expulser les migrants entrés illégalement vers le Rwanda, considéré comme un pays sûr par le Royaume-Unie. Les autorités britanniques ont déjà pris des mesures pour faciliter les expulsions, malgré les recours juridiques prévisibles. Cette fois, des avions sont déjà réservés, des personnels mobilisés, et des places en détention débloquées en prévision du traitement des cas des migrants à expulser.
Une détermination qui veut refléter la volonté du gouvernement conservateur britannique de lutter contre l’immigration sous la pression de l’électorat. Elle intervient alors que le nombre de traversées clandestines de la Manche augmente significativement ces dernières années.