Le roman poignant de l’ancien champion de boxe, Brice Faradji
Champion du monde, Brice Faradji a raccroché les gants pour la plume. Bondé d’anecdotes et d’une lecture fluide, « Je ne sais toujours pas si j’aime la boxe » aux éditions JC Lattès, relate la vie d’un homme aux nombreuses vies que rien n’abat.
Norman Mailer, Jack London ou Yasmina Khadra s’y sont frottés. Ecrire un livre sur la boxe est souvent une expérience qui tentent les milieux littéraires. Le combat, le duel entre deux hommes, le public, les entraineurs, les matchs truqués, etc… Les ressources sont nombreuses et les angles d’approche, plaisants à creuser.
Hissé au panthéon du Noble Art avec son titre de champion du monde, Brice Faradji fait la démarche inverse. Il se conte intimement dans son livre « Je ne sais toujours pas si j’aime la boxe » aux Editions JC Lattès.
De son enfance avec sa mère, des matchs truqués en Italie, de ses victoires et défaites, le roman est un vrai régal. Il montre aussi la fragilité de l’homme et son incroyable destin.
>>Lire aussi : (video) Mansour Barnaoui, l’homme qui vaut un million
Une mère courage comme modèle
Rendez vous est pris dans une salle de boxe. On est loin dorénavant des néons qui grésillent, des vieux sacs au cuir tanné et aux ambiances à la Rocky Balboa. Au Temple, Rue Amelot, près de République, l’ambiance est cosy, tendance et moderne.
Coach sportif, il est aussi l’inventeur d’un tapis d’exercices physiques cognitifs. Ce matin au Temple, il donne un cours d’initiation à la boxe et vient présenter son premier livre. Une manière de servir encore de ses mains. « J’aime écrire, précise Brice Faradji. C’est un récit sur ma carrière de boxeur. Avec le livre, je me suis octroyé un round supplémentaire. »
Quand on lui demande son modèle, sa réponse est direct. Il doit tout à sa mère, femme courage qui a du gérer un enfant touche à tout. Elle a réussi à l’aiguiller, susciter sa passion sans pour autant oublier l’avenir. « La réussite sociale passait par les études, indique le boxeur. Ma mère notamment y était très attachée. La boxe n’était que mon plaisir. J’aime aller au bout de tout ce que j’entreprends. Quand je m’y suis mis sérieusement, c’était pour devenir champion. »
>>Lire aussi : « Juste Heddy », de la boxe à la danse il n’y a qu’un pas…
La boxe comme chemin de vie
Et Brice Faradji est un têtu que rien n’abat. Que ce soit les études d’ingénieur qu’il n’a jamais lâché ou ses combats, l’homme s’est créé un univers pour s’outrepasser continuellement. « C’est lié à mon tempérament. J’ai des modèles propres à mon éducation, à mon enfance qui me donne l’impression d’avoir loupé quelque chose. J’ai toujours besoin d’aller au delà de ce que l’on peut attendre de moi. »
Avec cette volonté de fer, il se forme à l’AS Corbeil où il prend sa première licence à 14 ans. Amateur de 1993 à 1998, il remportera 18 victoires dont 2 ko pour 4 défaites. En 1998, alors que la France remporte sa coupe du monde de football, il devient professionnel pendant 12 ans. En 2001, il passe à l’Avia Club sous la houlette de son entraineur Manuel Dolzanelli. Une carrière fabuleuse l’attend, marquée par 27 victoires dont 9 ko. 6 fois Champion de France (de 2002 à 2007) et vice champion d’Europe en 2008, il devient champion du monde WBF en 2005 et 2006 des Super Welters.
Rassuré par son travail d’ingénieur informatique, Brice Faradji voit la boxe comme un exutoire. « Inconsciemment, ca a marché comme une thérapie. Je n’aime pas trop ce confort qu’il soit matériel ou psychologique depuis mon plus jeune âge. Ma mission était de tuer mes complexes. Dans les faits, ce sont des to do list à réaliser. Si on me demande si je n’avais été boxeur ce que je serais devenu, j’aurais suivi la voie que je suis actuellement. »
>>Lire aussi : Corbeil-Essones. La revanche du boxeur Guito
L’exutoire de l’écriture
Pédagogue, Brice Faradji tente de faire passer les valeurs de la boxe et ce que cela lui a apporté. « La boxe m’a permis de tuer mes complexes, d’avoir une identité. Je pense qu’on cherche toujours une forme d’identité, de place dans une communauté. La boxe était le parfait compromis entre l’homme que je suis réellement et cette étiquette du bagarreur. »
Toujours en mouvement, Brice Faradji a trouvé dans l’écriture, une porte ouverte pour libérer ses angoisses, douleurs et sacrifices. « J’ai écrit ce roman en plusieurs couches. Qui aime prendre des coups et souffrir autant qu’un boxeur ? Les bleus et les traumatismes disparaissent. Les écrits restent. Avec un roman, cela reste gravé dans le marbre. Si ça peut aiguiller certains jeunes, pourquoi pas ? »
Et si l’on considère souvent que l’écriture est un sport de combat, pour Brice Faradji, elle reste un sport « de paix et de sérénité« . Le boxeur-romancier prépare déjà un deuxième roman, qui s’éloignera du monde de la boxe. Susciter l’envie de se dépasser est devenu son nouveau leitmotiv. Ainsi, il se consacre aussi à sa nouvelle passion : l’aviation. « Avec l’aéronautique, on est au dessus de tout, de tous les obstacles. Cela permet d’aller au delà de tout ce que l’on peut imaginer ! »