Le régime algérien reconduit à la frontière un groupe de Marocains séquestrés en Algérie

 Le régime algérien reconduit à la frontière un groupe de Marocains séquestrés en Algérie

Vue depuis la ville marocaine d’Oujda, montrant des gardes-frontières algériens patrouillant le long de la frontière avec le Maroc, le 4 novembre 2021. (Photo par FADEL SENNA / AFP)

Les autorités algériennes ont procédé, lundi 30 décembre, à la libération de plusieurs Marocains détenus dans les prisons algériennes, a indiqué l’Association marocaine d’aide aux migrants en situation difficile, basée à Oujda.

Selon la même source, le nombre exact des détenus libérés et transférés aux postes-frontières de Maghnia « Akid Lotfi » et « Zouj Bghal » est de soixante Marocains, originaires des villes de Fès, Bouarfa, Oujda, Berkane, Taza, Guercif, Mohammedia, Tétouan, Nador, Safi, Youssoufia, Figuig et d’autres localités. La majorité d’entre eux avaient passé trois années en prison et une année en détention administrative.

La même source rapporte que 480 Marocains sont toujours emprisonnés en Algérie, tandis que six cadavres de détenus marocains gisent encore dans des morgues algériennes. Cette réouverture temporaire de la frontière reste rare, la plus récente ayant eu lieu en mai dernier pour des raisons similaires.

Selon l’Association marocaine d’aide aux migrants, la plupart de ces détenus sont des travailleurs manuels opérant dans les secteurs du plâtre et du zellige. Ils ont été condamnés pour des accusations graves telles que la traite des êtres humains, le blanchiment d’argent et l’immigration clandestine.

Avant cette opération de libération, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait annoncé une visite imminente dans plusieurs centres de détention en Algérie afin d’évaluer les conditions de détention des Marocains.

Le mois dernier, en novembre, les autorités algériennes avaient libéré deux groupes de Marocains détenus via le poste-frontière situé à proximité d’Oujda. Le premier groupe comprenait seize jeunes, tandis que le second en comptait 27. Parmi eux figuraient des candidats à l’émigration irrégulière ainsi que des ouvriers du secteur de la construction, notamment des artisans spécialisés dans la menuiserie, la maçonnerie et d’autres métiers. Plusieurs détenus avaient purgé des peines de plus de trois ans et demi, suivies d’une année de détention administrative.

Selon la Ligue marocaine de défense des droits de l’homme, des centaines de Marocains ont été arrêtés en Algérie sous diverses accusations, telles que l’espionnage, l’immigration illégale ou encore le trafic d’êtres humains, sans avoir été inculpés ni présentés devant la justice depuis plus d’un an.

L’ONG affirme que les citoyens marocains, notamment les artisans et entrepreneurs, sont une cible privilégiée pour les services de sécurité algériens. Elle déconseille tout déplacement en Algérie, un pays considéré comme dangereux sur le plan des droits humains pour les Marocains. La Ligue invite les Marocains à reconsidérer leurs projets de voyage, qu’ils soient motivés par des raisons professionnelles ou familiales, afin d’éviter des arrestations arbitraires et des procès jugés inéquitables.

Enfin, la Ligue cite en exemple le cas de plus de 500 Marocains arrêtés en Algérie sous des accusations similaires. Parmi eux, plusieurs sont détenus sans inculpation ni comparution devant la justice depuis plus d’un an. Ces arrestations sont souvent caractérisées par l’absence de procédure judiciaire.