Le réchauffement climatique sera pire que la covid pour le système de santé selon un rapport

 Le réchauffement climatique sera pire que la covid pour le système de santé selon un rapport

La hausse des températures aura un effet dévastateur sur les économies et les systèmes de santé, avertit un rapport

Les systèmes de santé sont mal préparés pour faire face aux dangers grandissants liés au changement climatique. Et aucun pays n’est à l’abri, comme l’a prouvé la crise du Covid-19, avertissent des experts dans un rapport publié jeudi.

« Les menaces pour la santé humaine se multiplient et s’intensifient à cause du réchauffement climatique. Si nous ne changeons pas de cap, nos systèmes de santé risquent d’être dépassés à l’avenir », avertit le Dr Ian Hamilton, directeur exécutif du rapport sur la santé et le changement climatique (site en anglais), publié tous les ans par la revue médicale.

Ce rapport mesure 43 indicateurs-clés sur ces deux sujets et est réalisé en collaboration par 35 institutions. L’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’OMM (Organisation météorologique mondiale) et plusieurs universités ont participé à ces travaux. La publication de ce rapport intervient à quelques jours du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris. Celui-ci engage les États à agir pour limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 °C, voire à 1,5 °C.

Or, selon les données provisoires, 2020 atteint le deuxième rang des années les plus chaudes, après 2016 et avant 2019, a averti l’ONU mercredi. La température moyenne mondiale entre janvier et octobre est supérieure d’environ 1,2 °C à celle de la période de référence 1850-1900.

 

Défi multiforme du réchauffement climatique

« Nous sommes confrontés aux perspectives les plus sombres pour la santé publique que notre génération ait vu », avertit Dr Wenjia Cai, de l’université Tsinghua à Pékin. Le dérèglement climatique « crée un fossé cruel qui renforce les inégalités existantes en termes de santé, entre et dans les pays. (…) Tout comme pour le Covid-19, les personnes âgées sont particulièrement vulnérables, celles ayant des pathologies comme l’asthme ou le diabète le sont encore plus », relève Hugh Montgomery, médecin en soins intensifs, cité dans un communiqué.

« Aucun pays, riche ou pauvre, n’est à l’abri des conséquences sanitaires du changement climatique qui s’aggrave », avertit le rapport. En France, les épisodes de canicule ont causé 8 000 morts rien qu’en 2018 parmi les plus de 65 ans.

Les très fortes chaleurs ont également un impact économique. Elles empêchent le travail en extérieur dans des pays en développement, avec des milliards d’heures de travail perdues en 2019. La hausse des températures et les événements climatiques extrêmes, toujours plus nombreux, menacent également la sécurité alimentaire. Dans certaines régions désertiques ou semi-désertiques, comme le Maghreb, les faibles ressources en eau pourraient poser un important défi pour le développement économique, voire pour l’approvisionnement en eau potable.

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Le rapport s’intéresse aux décès provoqués par l’usage d’énergies fossiles, notamment le charbon. Outre le réchauffement climatique, elles sont aussi responsables de sept millions de décès annuels à cause de la pollution.

 

D’autres épidémies après la covid-19 ?

En outre, le changement climatique contribue aussi à une plus grande propagation de maladies infectieuses, avertit le rapport. Ses auteurs citent la dengue, la malaria ou les maladies liées aux bactéries du genre Vibrio. Des scientifiques font déjà le lien entre la destruction de la nature et l’émergence de nouvelles maladies, telles que la covid-19.

« Le temps est venu pour nous tous de prendre plus au sérieux les facteurs environnementaux en termes de santé », exhorte Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet. Il s’agit de « répondre à l’urgence climatique, protéger la biodiversité et renforcer les systèmes naturels dont notre civilisation dépend », poursuit-il.

Les milliards dépensés pour relancer l’économie à travers le monde présentent « une véritable opportunité pour harmoniser les réponses à la pandémie et au changement climatique », constate Maria Neira, de l’OMS. Mais, « le temps est compté », avertit-elle.