Le prix du courage à Angoulême pour la bédéiste marocaine Zainab Fasiki

 Le prix du courage à Angoulême pour la bédéiste marocaine Zainab Fasiki

Zainab Fasiki commence à dessiner les femmes marocaines, vante leur mérite, leur combat de tous les jours. Fadel SENNA / AFP

La dessinatrice marocaine Zainab Fasiki a remporté le prix du courage artistique, décerné chaque année en marge du Festival international de la BD d’Angoulême.

 

La dessinatrice marocaine et féministe Zainab Fasiki accède désormais à la notoriété. La jeune femme de 27 ans s’est illustrée, samedi 19 mars 2022, au festival de la bande dessinée d’Angoulême. Elle a remporté le prix du courage artistique. Une distinction décernée chaque année dans le sillage de cette manifestation internationale.

Originaire de la ville impériale de Fès, Zainab Fasiki est issue d’une famille modeste. Sa prédilection pour le dessin s’étant révélée assez tôt, elle commence à dessiner les femmes marocaines, vante leur mérite, leur combat de tous les jours. Petit à petit, la jeune femme s’est fait connaitre pour ses BD et sa dénonciation du sexisme. Elle promeut à travers son travail, la liberté des femmes qui ploient sous le poids des sociétés patriarcales et les encourage alors à s’imposer.

Diplômée de l’École nationale supérieure d’électricité et mécanique de Casablanca, elle est également titulaire d’une patente professionnelle de bédéiste et d’illustratrice.  En 2019, elle publie « Hshouma: corps et sexualité au Maroc« . Un album qui a défrayé la chronique. Hshouma signifie « honte ».

« La libération sexuelle et corporelle n’a pas été inventée par d’autres pays. Ce sont nos besoins naturels et nos droits, quelle que soit notre nationalité », analyse-t-elle, citée dans un communiqué du jury. Celui-ci a récompensé la Marocaine, « pour ces mots, son courage et la beauté de son travail ».

La voilà dans la cour des grands

Le prix a été créé en 2016 par les promoteurs du « Off of Off » d’Angoulême, pour récompenser le travail d’un artiste courageux. Lors de la précédente édition en 2020, le prix était allé à l’Algérien Nime, Abdelhamid Amine de son vrai nom. Un critique virulent du régime qui a été condamné à la prison pour une satire politique. Il y dénonçait l’influence de la gente militaire dans son pays.

La carrière de bédéiste de Zainab Fasiki avait commencé en intégrant le collectif de bande dessinée marocain « Skefkef ». Elle publie en 2017 une première bande dessinée féministe, Omor (Des choses). Célèbre déjà sur les réseaux sociaux, ses dessins montrant des femmes nues, lui valent autant de l’hostilité que beaucoup d’enthousiasme.

Sa dénonciation du sexisme, son travail et son talent sont désormais reconnus et célébrés par ses pairs d’abord et par le public. Celle qui a su manier, à travers ses dessins, l’audace et l’ironie, là voilà dans la cour des grands.

 

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