Le président Saïed appelle à modifier la loi régissant la Banque centrale de Tunisie

 Le président Saïed appelle à modifier la loi régissant la Banque centrale de Tunisie

En recevant le 21 février au Palais de Carthage le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouhair Nouri, le président de la République, Kaïs Saïed, a consacré l’ordre du jour à sa volonté désormais affichée de réformer en profondeur la loi qui régit la BCT. Des voix s’élèvent déjà contre les risques inflationnistes d’une telle réforme.   

 

La rencontre a ainsi porté sur ce qu’a qualifié Saïed de « rôle de la banque centrale dans la contribution à l’économie nationale et la mise en œuvre des articles 411 et 412 [récemment amendés] du Code du commerce et relatifs, respectivement, au délit d’émission d’un chèque sans provision et à la réduction des taux d’intérêt fixes appliqués aux crédits ».

« Des doléances me parviennent ici tous les jours à ce sujet », a déploré le chef de l’Etat, une allusion sans doute à ce que certains Tunisiens considèrent comme de la mauvaise foi de la part de leurs banques à trouver des voies alternatives en matière de paiements différés et plus généralement d’accès au crédit.

 

Vers un amendement du statut du gouverneur

Également lors de cet aparté, le président Kais Saïed a mis l’accent sur la nécessité de réviser la Loi n° 2016-35 du 25 avril 2016, « dont certains articles ont été votés durant la nuit » a-t-il fustigé, portant fixation du statut de la BCT, de sorte de renforcer le rôle de la Banque sur les plans monétaire et économique. « Ces textes doivent refléter la volonté du peuple et non celle des agendas dictés depuis l’étranger », a-t-il vaguement renchéri dans un registre souverainiste.

« Même avant la révision de cette loi, l’Institut d’émission doit contribuer à l’instar de toutes institutions publiques, à la reconstruction de l’économie nationale conformément aux choix faits par le peuple et assumer son rôle dans la supervision du secteur bancaire tout entier » a-t-il ajouté, martelant que toutes les banques publiques et privées doivent se conformer aux lois mises en place par l’Etat tunisien.

Toujours selon le président de la République, la BCT doit veiller au respect de la loi notamment après l’amendement des articles 411 et 412 du code du commerce et jouer pleinement son rôle sur les plans monétaire et économique. La veille, certains plateaux médiatiques avaient notamment dénoncé la posture d’établissements de la finance islamique s’estimant non concernés par lesdits articles de lois.

En février 2024, des économistes avaient averti contre les conséquences potentiellement inflationnistes de l’emprunt considérable contracté par l’Etat tunisien directement auprès de la Banque centrale. Citant cette fois l’exemple de la Turquie et de l’ingérence du pouvoir exécutif turc sous l’impulsion d’Erdogan ayant provoqué la démission de la gouverneure de la Banque centrale turque l’an dernier, certains mettent en garde contre un scénario monétaire similaire si la BCT venait à perdre en indépendance.

 

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