Le président Kais Saïed veut réformer le Forum de Davos
En recevant le 19 janvier 2024 son Premier ministre, Ahmed Hachani, de retour de Davos, pour dresser le bilan de ses entrevues qu’il a eues dans le cadre de sa participation au sommet éponyme, le président de la République Kaïs Saïed en a profité pour se livrer à une tirade sur le bien-fondé de la tenue du Forum économique mondial, appelant même à l’abolir. Rien que ça !
Ainsi selon un communiqué de Carthage, le président de la République a réitéré son rejet de toute prérequis ou « diktat » de quiconque, affirmant que « les réformes entreprises par la Tunisie doivent être purement tunisiennes et découler de la volonté du peuple ». Saïed renchérit que « ceux qui sont sincères dans leur démarche de soutien au pays doivent en premier lieu nous respecter et respecter nos choix, car l’expérience a prouvé que beaucoup sont ceux qui se cachent derrière un soi-disant soutien, ne font qu’accroître la dépendance de notre pays et les souffrances de notre peuple ».
Continuant sur sa charge anti capitaliste, le président a assuré à cet égard que « la Tunisie rejette tout soutien non-corrélé au respect ». Il a en outre indiqué qu’« il vaudrait mieux avoir du respect sans aide en apparence bienveillante, mais qui traduit une volonté cachée de plus de dépendance et d’appauvrissement ».
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Jusqu’ici on a affaire à un discours altermondialiste dans la droite ligne de ce à quoi nous a habitué le leader populiste, mais ce dernier va aller plus loin encore, n’hésitant pas à appeler sans sourciller à repenser le système de notation souveraine dans son intégralité.
Diatribe anti notations souveraines
L’entretien à Carthage avec le chef du gouvernement a également selon le Palais porté sur les classifications et les notations octroyées aux pays. Celles-ci seraient élaborées selon des critères visant à parvenir à un but prédéterminé, selon le chef de l’État. « Le premier de ces critères est la soumission et l’obéissance dans le cadre d’un ordre économique mondial dont l’effondrement a débuté. Les cercles le contrôlant essaient, de retour dans leurs pays après s’être réunis dans les plus belles destinations du monde, d’affirmer qu’ils ont encore la main sur le monde, de préserver cet ordre mondial malgré les maux de la majorité des pays », fustige le président rebelle.
De son côté Hachani a informé le président de la République de l’admiration de certains décideurs de la posture tunisienne ainsi que leur estime envers le processus de lutte contre la corruption qui y est engagé. « Cette corruption, qui s’était propagée sur des dizaines de décennies, était connue par plusieurs cercles financiers internationaux et le peuple tunisien en était la première victime », aurait fait savoir Ahmed Hachani.
Le président Saïed a par ailleurs abordé avec le Premier ministre les résultats des réunions tenues avec certains responsables étrangers au sujet de la récupération des avoirs spoliés. « Il s’agit de biens revenant au peuple tunisien et dont plusieurs capitales connaissent l’existence, mais n’ont pas réagi à temps afin de mettre fin à ce vol structuré… Prétexter les procédures et leur complexité, voire leur prolongement, ne doit pas nous empêcher de demander leur restitution. Les procédures ont été mises en place afin de garantir les droits et non leur porter atteinte », a martelé le chef de l’Etat.
Décidément féru d’Histoire, Kais Saïed a par ailleurs affirmé que le Forum économique mondial, connu sous l’appellation de sommet de Davos, a vu le jour durant les années 70 et qu’« il ne pouvait plus continuer à avoir lieu dans le cadre de la même pensée liée à sa création. L’Humanité entière s’attend à un futur plus juste et n’accepte plus la division du monde basée sur la distinction entre les riches et les pauvres ». Tout un programme, excusez du peu !