Le président Kais Saïed en visite à Paris le 22 juin

 Le président Kais Saïed en visite à Paris le 22 juin

À l’invitation d’Emmanuel Macron, le président de la République tunisienne Kais Saïed se rendra à paris, le lundi 22 juin 2020, pour une visite de travail et d’amitié, apprend-on mercredi. L’occasion d’un baptême du feu diplomatique européen pour le chef d’Etat tunisien, dans un contexte de relations relativement tendues avec la France.

 

« Cette visite sera l’occasion de consolider et de développer davantage les relations bilatérales entre nos deux pays. Les deux chefs d’Etats échangeront également sur des sujets d’intérêt commun ». C’est là le texte laconique, en bon jargon diplomatique, que l’on peut lire sur la page de l’ambassade de France à Tunis. Mais au-delà des formules d’usage, la visite en ce timing particulier revêt une importance de taille, côté tunisien.

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Ainsi une semaine auparavant, une motion parlementaire réclamant des excuses de la France pour son passé colonial, une indemnisation, ainsi qu’une restitution d’archives, a obtenu 77 voix pour, 5 voix contre et 46 abstentions. Échouant certes à obtenir les 109 voix nécessaires au Parlement tunisien, le débat, télévisé, extrêmement houleux qui en a résulté n’a cependant pas manqué de raviver les blessures issues des exactions commises par l’ancien occupant sous le régime du « protectorat ».

Imed Deghij, l’un des artisans du texte de la motion, figure radicale, avait par ailleurs appelé à voter massivement pour Kais Saïed lors de la dernière présidentielle de 2019. Il a fustigé l’échec de ladite motion. Dans une intervention vidéo, l’activiste de la coalition Al-Karama a accusé, furieux et au bord des larmes, la classe politique tunisienne de « trahison ».

Si une partie des bases électorales islamistes d’Ennahdha s’est rangée depuis que le parti s’est constitué en nouvel establishment coalisé dans le pouvoir, il n’est un secret pour personne qu’une autre partie s’est déportée l’an dernier vers le vote Kais Saïed. L’outsider et figure souverainiste à l’ascension fulgurante, a depuis pris ses distances avec le parti.

Crise économique Covid-19 et sommet de la francophonie

Critiqué pour la rareté de ses sorties à l’international depuis son élection à Carthage, la visite du 22 juin sera l’occasion pour ce discret francophone arabophile de se donner une stature diplomatique à la mesure de sa popularité nationale, au moment où la Tunisie accuse un préoccupant -7 points de prévisions de croissance au lendemain de la crise Covid-19.

« La rencontre entre le président Macron et le président Saïed sera l’occasion de démontrer qu’envers et contre tout, dans cette crise, la coopération entre nos deux pays est plus que jamais indispensable pour surmonter -ensemble- cette situation d’une exceptionnelle gravité », réagit Rayed Chaibi, Président de l’Association pour la Promotion de la Coopération et de l’Amitié entre la France et la Tunisie.

Autre grand enjeu crucial pour les deux pays, le 18ème Sommet de la francophonie. L’évènement devait initialement avoir lieu les 12 et 13 décembre 2020 à Tunis. Reporté à 2021, il se tiendra finalement sur l’île de Djerba, à l’initiative de Kais Saïed, qui a récemment proposé cette délocalisation à Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie.

Un sommet sous le signe du numérique, « vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone », mais dont l’ordre du jour pourrait bien être modifié à l’aune des nouveaux enjeux imposés par le monde post pandémie.