Le PDG de Tunisair écroué dans une affaire de corruption

 Le PDG de Tunisair écroué dans une affaire de corruption

Khaled Chelly

Ce sont au total sept personnes qui sont concernées par une enquête ouverte pour abus de pouvoir, faux et usage de faux, ainsi qu’une sollicitation présumée de pots-de-vin au sein de Tunisair. En Tunisie, la machine carcérale fonctionne à plein régime.

Parmi eux, une personnalité high profile, le président-directeur général de la compagnie aérienne publique tunisienne Tunisair, Khaled Chelli (57 ans), ainsi que le chef du syndicat interne affilié UGTT, ont été écroués le 31 juillet, sur fond d’accusations de corruption.

Dès le 2 avril dernier, une visite inopinée du président de la République, Kais Saïed, en personne, comme il aime souvent à le faire dans le cadre d’un style de gouvernance basé sur les irruptions surprises, spécialement à l’approche de l’élection présidentielle, avait déjà éveillé les soupçons quant au caractère sérieux de ce dossier du transporteur national.

 

Une accumulation de soupçons de favoritisme

Depuis, de nouveaux éléments son apparus, abondamment relayés par les pages des réseaux sociaux réputées proches du pouvoir saïdiste. En effet, le patron de Tunisair, a été placé en détention dans le cadre d’une enquête ayant débuté avec l’arrestation du secrétaire général du syndicat interne de de la compagnie aérienne, Najmeddine Mzoughi, au moment où celui-ci s’apprêtait à franchir le passage frontalier avec la Libye de Ras Jedir, visiblement afin de tenter de fuir le pays, selon des médias locaux.

Mzoughi, également écroué mercredi, est notamment suspecté de « falsification de diplômes, organisation d’un réseau de proxénétisme et de corruption. En cause, d’importantes sommes d’argent qu’il aurait perçues pour intervenir en faveur des recrutements et des promotions au sein de l’entreprise publique. L’instruction ouverte pour prise illégale d’intérêts, abus de pouvoir, faux et usage de faux, sollicitation de pots-de-vin, concerne en tout sept autres personnes, dont certaines identités n’ont pas encore été communiquées.

En avril 2024, un juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis avait déjà placé en détention trois employés de la compagnie dans le cadre d’une affaire de nominations à partir de diplômes falsifiés, un thème récurrent dans les discours du président Saïed qui soupçonne que l’usurpation de diplômes et de CV est un fléau de grande ampleur dans le pays.

Peu de temps auparavant, le chef de l’Etat avait, lors d’une visite surprise à l’aéroport de Tunis, dénoncé des cas de corruption au sein de la compagnie, parmi lesquels des recrutements sur la base de faux diplômes mais aussi un trafic de pièces de rechange.

Il s’était alors indigné contre une ce qu’il a qualifié de vente « illégale », au rabais, dès 2017, d’un avion appartenant à Tunisair, assurant que celui-ci avait « quitté le territoire sans autorisation » et se trouvait en Floride. Une version réfutée par un fact-checking qui avait établi la vétusté de l’appareil en question. Qu’à cela ne tienne, Saïed avait martelé son refus de toute privatisation de la centaine d’entreprises publiques tunisiennes présentes dans l’ensemble des secteurs de l’économie, y compris l’industrie du tabac, et dont la plupart sont gravement déficitaires.