Le patron d’un groupe de presse algérien indépendant condamné à 5 ans de prison
Le patron de presse Ihsane el-Kadi a été condamné en Algérie à cinq années de prison, dont trois ferme et à la saisie de ses entreprises. La justice l’a notamment reconnu coupable de « financement étranger de son entreprise ». Cette condamnation est un nouveau coup porté à la presse indépendante, alors que le pouvoir algérien continue à étouffer ce qu’il reste de l’espace de liberté créée pendant le mouvement du Hirak en 2019.
Le patron de presse Ihsane el-Kadi, poursuivi en Algérie pour « financement étranger de son entreprise », a été condamné le 2 avril à cinq années de prison dont trois ferme, a annoncé le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger, qui a rendu son verdict en présence de l’accusé. Le parquet avait requis cinq ans de prison ferme, assortis d’une interdiction d’exercer pour la même durée à l’encontre d’Ihsane el-Kadi.
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Ce dernier est le dirigeant d’un des derniers groupes de presse indépendants d’Algérie, qui comprend Radio M et le site d’information Maghreb Emergent. Le tribunal a d’ailleurs prononcé la dissolution de la société Interface Médias, éditrice des deux médias. Les jugent ont en outre décidé la confiscation de tous les biens saisis, et d’infliger 10 millions de dinars d’amende (plus de 68 000 euros) contre son entreprise.
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La société doit également dédommager l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) à hauteur d’un million de dinars). À titre personnel, Ihsane el-Kadi a écopé d’une amende de 700 000 dinars. « Nous allons faire appel de ce jugement dans les délais requis, selon l’accord préalable avec notre client », a réagi Me Abdelghani Badi, un des avocats de la défense, qui a boycotté l’audience.
Soutien international
L’article 95 du Code pénal algérien sanctionne d’une peine de prison de cinq à sept ans « quiconque reçoit des fonds, un don ou un avantage (…) pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’État, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale ». Raison pour laquelle Ihsane el-Kadi était en détention depuis fin décembre après quatre jours de garde à vue. Au lendemain de son interpellation, le siège de l’agence Interface Médias avait été mis sous scellés et le matériel saisi.
Début janvier, seize patrons de presse de divers pays, dont le prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov, réunis par RSF, avaient appelé à la libération d’Ihsane el-Kadi et à lever les entraves « inadmissibles » visant ses médias. Son arrestation et la mise sous scellés des bureaux des médias qu’il dirige ont suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe. Une pétition lancée par l’organisation Reporters sans frontières pour obtenir sa libération a recueilli plus de 10 000 signatures.