« Le MMA GP sera en Algérie en 2023 »
Abdel Khaznadji fut le premier, sept mois après la légalisation du MMA en France, à organiser un évènement au palais des sports Maurice-Thorez de Vitry-sur-Seine, le 8 octobre 2020. En deux ans, le fondateur de Obyfight a fait un bon bout de chemin avec sa structure du MMA GP qui revient pour un nouvel événement au cirque d’hiver avec Jérôme Le Banner en tête d’affiche, le 8 octobre prochain, et une carte exclusivement amateur le lendemain, toujours au même endroit. Interview d’un promoteur qui prend du poids au sein du MMA français et qui ne mâche pas ses mots.
Propos recueillis par Jonathan Ardines
LCDL : Le MMAGP revient au cirque d’hiver les 8 et 9 octobre pour un double événement ?
Abdel Khaznadji : Effectivement, deux soirées exceptionnelles au cirque d’hiver. Le samedi avec Jérôme Le Banner qui affronte Adnan Alic pour une revanche après leur combat de kick boxing. Title Chai qui a affronté Cédric Doumbé en juillet revient, il y aura aussi Alfan Rocher qui avait mis un superbe KO lors du dernier évènement. Et le lendemain on organise une grande première avec des jeunes amateurs qui vont se retrouver dans la cage du MMA GP au cirque d’hiver, un grand moment pour eux.
Pour l’occasion nous mettrons les tickets d’entrée à 20 ou 25 euros pour tout le monde afin que les amis, la famille puissent venir. On va assurer la captation et ça sera télévisé, du jamais vu. Personne n’investit sur les amateurs, là on va les suivre. Qu’ils fassent 6 combats avant de faire leur premier combat professionnel, ça va faire beaucoup de bruit.
En deux ans vous avez fait un sacré bout de chemin, émission à la tv, combattants scrutés à travers le monde…
Oui, nous sommes devenus une plateforme de lancement, après chaque événement la plupart de nos combattants ont été contactés par de grandes organisations comme l’UFC ou le KSW. On avance bien, nous avons signé avec Sport en France une chaîne qui ne fait que progresser, je suis co-producteur d’une émission, ‘MMA Extra Round’ présentée par Lucie Bertaud et Sebastien Loew diffusée tous les vendredis.
Avec le cirque d’hiver nous avons de vrais accords avec cette salle prestigieuse. On fait peu d’argent, pour être rentable il faut être complet et ne pas mettre l’électricité (rires) mais c’est une superbe vitrine. Le 19 novembre nous allons à Bordeaux et on continuera d’en faire dans les grandes villes par la suite.
Peut-on rêver d’un MMA GP organisé dans un pays du Maghreb ?
Au Maroc je discute avec des personnes depuis plus d’un an qui aimeraient en organiser un à Casablanca, j’espère que ça se fera très prochainement. Pour être honnête je ne m’étais pas penché sur l’Algérie, pourtant ce sont mes racines, mais je n’imaginais pas cela possible pour l’instant. Des investisseurs locaux m’ont contacté afin de monter un premier événement de MMA en Algérie et ça devrait se faire courant 2023.
L’idée ne sera pas de venir faire de l’argent mais mettre les petits plats dans les grands pour faire un évènement digne des plus grandes organisations. En Algérie on peut remplir une salle de 20 000 places si on est cohérent sur les tarifs, le peuple algérien va se déplacer c’est certain.
L’UFC Paris vient de faire un tabac avec une salle pleine et une ambiance incroyable, avez-vous été surpris par cet engouement ?
Oui et non. Ce qui m’a surpris à Bercy c’est que ce sport est enfin devenu populaire. Avant, il avait été légalisé mais on l’associait à la violence, vous faîtes partie des rares médias à ne pas me dire, « ce sport violent souvent décrié ». J’avais l’impression que nous étions des bêtes de foire. Des patrons de grandes entreprises refusaient de s’associer mais nous demandaient s’ils pouvaient avoir deux places. Tout le monde voulait en être mais personne ne voulait mettre son image.
Désormais le MMA a tout écrasé, en France il y a le foot et le MMA. L’UFC Bercy a permis de démocratiser ce sport, à sortir des clichés véhiculés. Derrière j’ai demandé un rendez-vous avec le président Emmanuel Macron car il y a un chantier énorme à faire depuis la légalisation mais il n’en parle pas beaucoup. J’aimerais qu’il prenne la parole afin que les grosses entreprises investissent grâce à un discours positif.
Fernand Lopez (Ares) est dans la tourmente suite à une affaire qui le lie avec le combattant tunisien Slim Trabelsi, sans papiers et retenu contre son gré au sein de son organisation. Pouvez-vous nous dire ce qu’il se passe dans les coulisses du MMA ?
Il y a de vrais problèmes, notamment avec certains managers. Les mecs sont là uniquement pour les affaires, ils placent un combattant pour prendre entre 10 et 20% derrière. Quand je manageais, je leur trouvais des contrats, des sponsors, aujourd’hui ça se fait malheureusement trop rarement. Concernant l’affaire Lopez-Trabelsi, la problématique c’est la situation qui est catastrophique, il faut le libérer. Déjà il est en situation irrégulière, comment peut-on parler contrat avec lui ?
Il est sans papiers, il combat illégalement, il n’a aucune couverture sociale, pas d’assurance… On lui propose de signer à l’UFC, il est d’accord mais Fernand Lopez réclame de lui payer tant. Ali, le manager UFC fait une offre à Lopez mais il refuse et ils se déchirent autour d’un combattant. Le pauvre Trabelsi n’a pas vu sa famille depuis des mois, il faut le débloquer, il y a un problème humain, c’est typique de ce qu’on vit dans le MMA aujourd’hui, entre arnaques, contrats pas respectés et les gens qui n’ont pas de parole, c’est dégueulasse.
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