Le Maroc, l’un des rares pays à élaborer une stratégie nationale de prévention du suicide
Le suicide est un phénomène complexe et multifactoriel qui résulte de l’interaction de plusieurs facteurs (personnels, sociaux, psychologiques, culturels, biologiques et environnementaux). C’est un problème important de santé publique qui nous concerne tous. Nous avons la responsabilité, non seulement de prévenir tout acte suicidaire mais d’intervenir également auprès des personnes qui commettent ces actes suicidaires et de ceux qui les entourent. À date, seulement 38 pays ont mis en place une stratégie nationale de prévention du suicide et quelques rares pays, dont le Maroc, ont inscrit la prévention du suicide parmi leurs priorités en matière de santé. À ce jour, l’élaboration d’une stratégie nationale est en cours de finalisation.
Contexte mondial
Selon le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2014), le suicide constitue un phénomène particulièrement préoccupant à l’échelle mondiale qui représentera plus de 2 % de la charge mondiale de morbidité, d’ici 2020. Le suicide constitue la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans, mais dans de nombreux pays, le risque augmente chez les personnes âgées de 70 ans et plus et 75 % des suicides surviennent dans les pays à revenu faible et intermédiaire (OMS, 2014). La problématique des tentatives de suicide reste également de grande envergure puisqu’ils demeurent le facteur de risque le plus important du suicide. Outre, l’ampleur de cette problématique, s’ajoute l’importance des situations de traumatismes, des dommages psychologiques et des conséquences économiques qui y sont associées (OMS, 2001).
Les méthodes de suicide et tentatives de suicide utilisées sont multiples et dépendent des caractéristiques socio-culturelles et géographiques des suicidés (Chang et al., 2014). Au niveau mondial, L’OMS estime que « près de 20% des suicides dans le monde sont dus à l’intoxication par les pesticides, pour la plupart dans les zones agricoles ou rurales de pays à revenu faible ou intermédiaire. Parmi les autres méthodes communément utilisées figurent la pendaison et les armes à feu…».
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Bien que le suicide reste évitable par la mise en place de mesures préventives qui peuvent réduire de manière significative le nombre de tentatives de suicide et de décès par suicide, à date seulement 38 pays ont mis en place une stratégie nationale de prévention du suicide et quelques rares pays, dont le Maroc, ont inscrit la prévention du suicide parmi leurs priorités en matière de santé (OMS, 2014).
Qu’en est-il au Maroc ?
Dans le contexte marocain, le manque de sensibilisation sur ce phénomène et l’existence de tabous socioculturels empêchent de discuter ouvertement de cette problématique.
De ce fait, peu de données existent sur la mortalité liée aux suicides, mais les quelques études, publiées sur ce fléau, montrent qu’il s’agit d’un problème important. Par exemple, dans la région urbaine de Casablanca, une fréquence des tentatives de suicide de 2,1% a été rapportée par Agoub et coll., (2006) et l’enquête Mondiale sur la Santé des élèves « GSHS » indique que 13,6% des élèves marocains, âgés de 13 à 17 ans, auraient fait une ou plusieurs tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête (Direction de la population, Maroc, 2016). Toujours, selon le rapport de l’OMS (2014), au cours de l’année 2012, le taux de suicide ajusté sur l’âge serait de 5,3 pour 100 000 habitants, avec un taux plus élevé chez les hommes, comparativement aux femmes (9,9 vs. 1,2).
Presque toutes les recherches vont dans le même sens et concordent sur le fait qu’au Maroc, le suicide et les tentatives de suicide représentent un fléau qui n’a pas d’âge ou de sexe et qui affecte, autant le milieu rural qu’urbain.
Une particularité de la situation au Maroc réside dans la stigmatisation liée à la maladie mentale et aux comportements suicidaires, mais également dans l’accessibilité des moyens utilisés qui sont souvent rudimentaires. Ce constat necessite une attention particulière dans les efforts de prévention, par la mise en place d’une stratégie nationale de prévention du suicide, qui permettra, entre autres, d’éliminer les tabous par le biais de la communication et la sensibilisation.
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Qu’en est-il à ce jour ?
Alors que certains médias rapportent que « une stratégie nationale fait toujours défaut, au Maroc … ; Le pays n’a cependant toujours pas mis en place de stratégie nationale de prévention dans ce sens… ». Ces informations sont inexactes.
Le ministère de la santé a fait de ce fléau une priorité soulignée dans le Plan « santé 2025 » et a jugé nécessaire la mise en place d’une stratégie de prévention du suicide, en collaboration étroite avec les détenteurs d’intérêt, et ce, dans le but de coordonner les actions au niveau national.
A cet effet, une analyse situationnelle sur ce fléau a été réalisée, en 2018, par une consultante internationale, sous l’égide de la Direction de l’Épidémiologie et de Lutte contre les Maladies (Ministère de la santé) en collaboration avec l’OMS, afin d’évaluer l’ampleur réelle du problème et recueillir les points de vue de toutes les parties prenantes. Les données collectées lors de cette analyse situationnelle, ont été utilisées pour proposer un plan d’actions, en vue de la mise en place d’une stratégie de prévention du suicide.
À ce jour, l’élaboration d’une telle stratégie, sous l’égide du ministère de la santé (en collaboration avec l’OMS) est en cours de finalisation.
Que conclure ?
Le suicide est un problème important de santé publique qui nous concerne tous. Le Maroc est l’un des rares pays dans le monde à élaborer une stratégie nationale de prévention du suicide (en cours de finalisation). Cette stratégie qui sera développée, selon les spécificités socioculturelles marocaines, permettra d’apporter une réponse à la souffrance psychique des suicidants et de prévenir ce fléau mondial.
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