Le halal : un secteur dynamique même si encore marginal dans les rayons

 Le halal : un secteur dynamique même si encore marginal dans les rayons

L’alimentation halal est une niche dynamique bien que toujours très marginale dans les grandes surfaces françaises

Le mois du Ramadan, qui entre dans sa quatrième et dernière semaine, est une période faste pour le secteur alimentaire halal. Une niche dynamique bien que toujours très marginale dans les grandes surfaces françaises.

Le mois sain bat son plein pour les musulmans. C’est souvent l’occasion d’améliorer l’ordinaire à table, voire de faire de véritables festins en famille ou entre amis. Dans un pays qui compte environ 5 millions de musulmans, le secteur de l’alimentation halal attise donc les convoitises.

« Le Ramadan est un moment festif où il y a une accélération de la consommation », relève Frédéric Yu, responsable de l’import chez Auchan. Même constat du côté d’Isla Délice. Le leader français de la charcuterie, des surgelés et des solutions repas halal voit son « volume de production doubler à cette période », selon son PDG Eric Fauchon. Il explique aussi le phénomène par « une concentration d’opérations promotionnelles ».

Dans cette niche, tous circuits confondus, Isla Délice revendique 49% des parts de marché en charcuterie halal et 53% pour les surgelés halal. Selon les données de la Fédération du commerce et de la distribution, pour la seule charcuterie halal, le deuxième acteur principal était fin 2020 Fleury Michon avec 17,1% de parts du marché. Il est suivi d’Oriental Viandes (8,8%), Isla Mondial (7,6%) et Réghalal (6,4%) qui appartient au groupe français LDC, leader européen de la volaille et du traiteur.

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Le terme « halal » désigne ce qui est « licite » pour la consommation des musulmans. Le terme s’oppose au « haram » des interdits, notamment alimentaires comme la viande de porc. Concernant la viande « halal », les principaux organismes de certification sont les mosquées de Paris, d’Evry et de Lyon, ainsi que l’organisation de constrôle AVS.

 

500 millions d’euros par an

Saloua, une Franco-tunisienne de 64 ans, n’hésite pas à traverser Paris pour s’approvisionner chez Carrefour Auteuil, dans le 16e arrondissement. Elle habite dans le 5e, mais elle « viens exprès ici pour acheter du salami au poivre que je ne trouve pas ailleurs ».

Selon elle, la grande distribution « a fait beaucoup d’efforts ces dernières années avec les produits halal, on trouve de plus en plus de choses. Chez le petit commerçant, je n’aurais pas les mêmes produits, ici il y a plus de variété. Bon, parfois, c’est un peu cher. Franchement 2,70 euros pour 100 grammes, c’est énorme », dit-elle en montrant des tranches de charcuterie.

La santé du secteur ne se limite pas à la période du Ramadan. « Entre 2010 et 2020, la consommation de ces produits a doublé et on pense que cette tendance va encore s’affirmer d’ici à 2050 », selon Frédéric Yu. Isla Délice identifie de son côté « une croissance régulière de 8% à 10% par an » pour le marché halal, qu’il valorise à 500 millions d’euros en France en 2020.

 

Halal : Secteur en croissance mais encore marginal

Isla Délice a progressé l’an dernier de 24% et atteint 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. En comparaison, un groupe comme Fleury Michon revendique un chiffre d’affaires, tous secteurs confondus, de 735,4 millions d’euros en 2020.

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Les acteurs de la grande distribution n’ont pas souhaité s’exprimer, mais selon les données de la Fédération du commerce et de la distribution, le chiffre d’affaires de la charcuterie halal par exemple a augmenté de 18,9% dans les supermarchés durant l’année 2020. La progression est également de 9,2% dans les hypermarchés, malgré un contexte de crise sanitaire défavorable à ces magasins souvent situées hors des périmètres des déplacements autorisés.

La place du halal en grandes surfaces reste malgré tout marginale. Seulement 376 millions d’euros de ventes annuelles, soit 0,32% des quelque 100 milliards d’euros tous produits alimentaires confondus, selon le panéliste IRI. Le halal « reste encore très pratiqué par les commerces de proximité, pour ne pas dire d’ultra-proximité, donc au travers du commerce traditionnel, notamment les boucheries spécialisées », explique Frédéric Yu.

 

Les grandes surfaces à l’affut

Sarah Mohsen, 34 ans, confirme: « j’achète ici (en hypermarché) de la charcuterie, du blanc de dinde et des produits halal surgelés. Parce que c’est mon Carrefour, c’est là que je fais mes courses. Mais pour le frais, le poisson, la boucherie, j’achète à l’extérieur. »

Mais la grande distribution pourrait rapidement prendre plus de poids dans ce secteur attractif. Les grandes surfaces ont la taille critique pour « proposer des prix très attractifs auxquels nous, consommateurs, sommes toujours sensibles », explique Olivier Salomon, directeur du cabinet de conseil Alixpartners. Il leur faudra toutefois passer outre les polémiques que créent parfois des personnalités en manque d’électorat.