Le gouvernement ouvre un nouveau front avec son projet de loi sur l’immigration
En pleine bataille pour sa réforme des retraites, le gouvernement ouvre un deuxième front avec son nouveau projet de loi sur l’immigration. Accélération des expulsions et facilitation des régularisations dans les métiers en tension sont au cœur de ce énième texte sur le sujet. Un texte qui aura du mal à réunir une majorité tant il fait l’objet de critiques de toutes les oppositions.
L’exécutif a ouvert mercredi un nouveau chantier explosif, en pleine bataille des retraites. Le Conseil des ministres a entériné un projet de loi très controversé sur l’immigration, dont l’adoption au Parlement s’annonce très compliquée. « On est certain (..) que nous arriverons à un compromis sans dénaturer le texte, en écoutant évidemment les oppositions, et singulièrement les oppositions de droite », a assuré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
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Les Républicains (LR), dont le vote est indispensable pour son adoption, sont braqués contre la régularisation des sans-papiers dans les « métiers en tension », où les employeurs peinent à recruter. Ils pointent le risque d’un « appel d’air » à l’immigration irrégulière. Le projet « ne permet pas de reprendre le contrôle, la maîtrise de l’immigration », a ainsi estimé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.
Outre ce volet d’intégration par le travail, le texte prévoit des mesures pour faciliter les expulsions, surtout des étrangers « délinquants » et une réforme du droit d’asile. Gérald Darmanin et le ministre du Travail Olivier Dussopt ont tous deux laissé entendre que des aménagements du texte étaient possibles. Ils disent attendre les « propositions » des LR, notamment sur des « quotas » de régularisation.
Le « en même temps » qui ne passe pas
Le ministre de l’Intérieur s’est aussi dit « ouvert » à d’éventuelles « restrictions » du regroupement familial, ajoutant vouloir « tordre le cou à une fake news » selon laquelle la régularisation des sans-papiers le faciliterait.
Mais, entre facilitation de certaines régularisations et remise en cause des conditions d’accueil et de traitement des demandes d’asile, le texte déplait à la droite comme à la gauche. « On ne se prêtera pas à un exercice de communication consistant à faire semblant de régler la question. Le sujet est trop sérieux », a relevé le patron des députés LR, Olivier Marleix, devant les journalistes de la presse parlementaire. À l’extrême droite, la présidente du groupe Rassemblement national Marine Le Pen a jugé que le texte n’était pas « au niveau du problème ».
La majorité elle-même apparaît divisée, entre tenants de l’aile droite, prêts à durcir encore le projet, et élus issus de la gauche, qui y voient des lignes rouges. Certains redoutent déjà que la partie régularisation ne passe à la trappe. « Les LR demandent que ce ne soit pas dans ce texte », note un député Renaissance.
Inquiétudes sur les droits des étrangers
La gauche est quant à elle vent debout contre son volet répressif en matière d’expulsions. Associations et ONG qu’inquiètent déjà pour leur part d’un durcissement du texte, le 29e sur l’asile et l’immigration depuis 1980.
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La régularisation dans les métiers en tension « est déjà l’objet de marchandages assez insupportables et de renoncements programmés », a déploré la directrice générale de France Terre d’asile, Delphine Rouilleault, sur France Info. « On réduit à néant les rares effets que les attaches privées et familiales, ou l’ancienneté sur le territoire pouvaient encore entraîner », s’alarme Claire Rodier, responsable du Gisti, une des principales associations de défense des exilés.