Le dinar tunisien tombe à son plus bas niveau depuis un an et demi face à l’euro
Record inquiétant pour le dinar tunisien en ce jour anniversaire du début de la révolution. La devise tunisienne a en effet touché un plus bas 0,303 TND pour 1 EUR (soit 3,3 TND/EUR) pendant la séance du 17 décembre. Le même jour qui a vu, il y a exactement 10 ans, s’immoler Mohamed Bouazizi, étincelle qui a embrasé la Tunisie, puis le monde arabe.
Le dinar tunisien n’était pas tombé aussi bas depuis la mi-juin 2019. Il avait depuis lors récupéré une partie de l’immense terrain perdu en quelques années par rapport à l’euro. La monnaie unique européenne reste la principale monnaie de comparaison en raison de sa prépondérance dans les flux monétaires internationaux de la Tunisie.
La deuxième moitié de 2019 avait en effet vu le dinar remonter lentement la pente, pour remonter à 0,324 TND pour 1 EUR en février 2020. Ces maigres gains ont donc finalement été effacés par la baisse constatée depuis lors et coïncidant avec la pandémie de covid-19. Celle-ci a notamment entraîné la paralysie mondiale de l’industrie touristique, qui est traditionnellement une des principales exportations tunisiennes.
La spirale de la dette extérieure
Principal baromètre de la santé économique du pays, l’évolution de la devise tunisienne illustre bien les difficultés que traverse la Tunisie depuis la chute de la dictature. En 10 ans, le dinar a ainsi perdu près de la moitié de sa valeur. Alors qu’il ne fallait que 1,87 dinar pour acheter un euro en décembre 2010, il en faut aujourd’hui environ 3,3. Les autorités tunisiennes ont n’ont pourtant d’ailleurs cessé de prendre des mesures pour restreindre l’accès aux devises étrangères pour les Tunisiens.
Dans le même temps, la dette extérieure – remboursable en monnaie étrangère – a explosé sous le double effet du déficit structurel et de la baisse de la valeur de la monnaie. Selon la dernière loi de finance, dette extérieure dépasse les 21 milliards d’euros. Selon l’agence de notation américaine Fitch Ratings, elle devrait encore se détériorer pour atteindre 90 % du PIB d’ici 2021, contre 75 % aujourd’hui.