Le démarrage du Sommet de la francophonie entaché par des heurts à Zarzis
La veille du 18ème Sommet de la francophonie qui doit se tenir les 19 et 20 novembre à Djerba, les habitants en colère de la ville voisine de Zarzis, qui réclament la vérité sur des disparus en mer, ont décidé de s’inviter sur l’île pour attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale et celle des autorités. Ces dernières les ont durement réprimés, leur interdisant l’accès au périmètre du Sommet.
Dès la matinée du vendredi 18 novembre 2022, les témoignages documentés pleuvent sur les réseaux sociaux autour de l’escalade de la répression contre les manifestants venus de Zarzis.
Cela fait plusieurs semaines que les familles et les proches d’une vingtaine de migrants décédés en mer puis enterrés dans des conditions hâtives, exigent que la lumière soit faite sur ces évènements. Aucun représentant du gouvernement Bouden n’a cependant daigné faire le déplacement. D’où l’extension du domaine de ces protestations qui ont évolué en mouvement social, chassant le gouverneur de Médenine récemment nommé par le président Kais Saïed.
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Vendredi des centaines de manifestants ont donc décidé de se faire entendre lors du Sommet de la francophonie qui attend la présence de nombreux chefs d’Etats et officiels étrangers. Une messe dont l’ostentation et le faste sont perçus comme une provocation par les familles sinistrées quelques à encablures de là.
« Nous ne sommes plus en Tunisie mais à Gaza ! », lance un manifestant sous les tirs nourris de gaz lacrymogène, tentant de distancer les renforts massifs forces de l’ordre anti émeutes. « Il s’agit d’un crime d’Etat », renchérit un militant venu de Zarzis, qui explique que des photographes de presse sont restés détenus pour avoir filmé ces scènes de confrontation, entre deux échappées dans les champs d’oliviers.
Non loin de là, des écoliers pris au piège dans leurs classes sont pris de panique, les gaz lacrymogènes ayant atteint leur école. S’en suivent des scènes de chaos dans l’établissement.
Quelques ratés protocolaires
Jusqu’au bout incertaine, la tenue de ce Sommet de la francophonie, qui coïncide avec le cinquantenaire de l’OIF, fut finalement confirmée sur le tard, mais fait déjà l’objet de plusieurs couacs cérémoniaux.
Ainsi le 13 novembre dernier, l’île de Djerba attendait l’arrivée de Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, censée marquer le coup d’envoi d’un programme culturel et événementiel, prélude au Sommet qui sera suivi d’un Forum économique jusqu’au 22 novembre. Ce jour-là, le président Saïed et Mushikiwabo devaient inaugurer en grande pompe en présence des médias le village de la Francophonie.
Sauf que Kais Saïed ne s’y est finalement pas rendu, chose qui a poussé la secrétaire générale de l’OIF à déléguer l’inauguration du village à Haoua Acyl, représentante de l’Afrique du Nord auprès de l’organisation, pour des raisons protocolaires.