Gestion des eaux en Afrique du Nord et au Moyen-Orient

 Gestion des eaux en Afrique du Nord et au Moyen-Orient

Hafez Ghanem


La Banque mondiale et la FAO collaborent pour prendre des mesures urgentes concernant la sécurité hydrique et alimentaire dans la région.


L’importance de la gestion des eaux pour le développement durable et la stabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord est au cœur de la conférence de la Ligue des États arabes qui a commencé hier et qui a porté sur les objectifs de développement durable. La conférence a été lancée aujourd’hui au Caire. 


Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, et Abdessalam Ould Ahmed, sous-directeur général et Représentant régional au Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, ont participé au lancement de la Semaine arabe du développement durable pour sensibiliser les gens vis-à-vis de ce problème et discuter de la dynamique entre l’insécurité hydrique et la fragilité de l’eau, les conflits et la violence.


Cette année en mars, la Ligue des États arabes et le Groupe de la Banque mondiale ont signé un protocole d’entente visant à tirer parti des avantages comparatifs de chaque organisation pour adopter une approche régionale visant à atteindre les objectifs de développement durable. Une cérémonie s’est tenue aujourd’hui au Caire en la présence du secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, pour célébrer ce protocole d’entente.


Notamment, la sécurité hydrique exigera une approche régionale car les ressources transfrontalières limitées en eau dans la région et leur gestion efficace à long terme dépendront d’une coopération accrue entre les pays.


« La FAO, la Ligue des États arabes et la Banque mondiale œuvrent pour  promouvoir une gestion durable, efficace et équitable de l’eau dans des situations critiques – nous croyons que cet objectif peut contribuer à la paix, la prospérité et la stabilité », a déclaré Ghanem. « À moins que les mesures portant sur l’eau ne soient prises, les conséquences politiques et économiques seront graves. Par exemple, les impacts du changement climatique sur la pénurie d’eau en l’absence de stratégies d’atténuation et d’adaptation, pourraient entraîner une baisse de 14% du PIB de la région d’ici 2050. »


Abdessalam Ould Ahmed a mis l’accent sur les défis de la sécurité alimentaire dans la région arabe à cause des risques multiples résultant des conflits, de la pénurie d’eau et du changement climatique.


« Les pays de la région doivent mettre en place des pratiques durables et détaillée de la gestion durable des eaux pour atteindre l’objectif de développement durable visant à éradiquer la faim d’ici 2030. Un environnement pacifique et stable est une condition préalable absolue pour les agriculteurs pour qu’ils puissent répondre aux défis de la pénurie d’eau et du changement climatique. La région ne souffre pas seulement de la pénurie d’eau, mais elle est également marquée par l’instabilité et les conflits nécessitant une intervention immédiate, ainsi que des stratégies à long terme, » a déclaré Ould Ahmed.


En réponse à ces défis alarmants, la FAO a lancé en 2014 une initiative régionale portant sur la pénurie d’eau pour aider les pays membres à identifier les stratégies, politiques et pratiques favorisant des solutions durables face à la pénurie d’eau dans la région.


Le grave effet de la pénurie d’eau menaçant le PIB a attiré l’attention des ministres des Finances, qui ont récemment assisté aux séances de printemps de la Banque mondiale et du FMI à Washington D.C. pour discuter de la façon requise pour combler l’écart financier en ce qui concerne l’infrastructure de l’eau et de l’assainissement, y compris des solutions innovantes abordant le sujet de  la microfinance.


Guang Zhe Chen, directeur du département global de l'eau à la banque mondiale, a également assisté au lancement de la Semaine arabe du développement durable ; il a souligné l’engagement de la Banque mondiale à accroître le soutien aux pays touchés par la fragilité, les conflits et la violence.


« Les investissements ciblés pour améliorer la gestion et la livraison de l’eau sont essentiels, et nous saisissons les opportunités offertes par l’engagement de 75 milliards de dollars envers l’AID, le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres et les plus touchés par les conflits », a déclaré Chen. « Dans plusieurs pays de la région, nous soutenons les efforts de reconstruction et de relèvement des gouvernements. Par exemple, nous travaillons avec Bagdad pour restaurer les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, endommagées par les conflits. »


Ces liens entre la gestion de l’eau, la fragilité et les conflits sont également discutés dans le rapport récemment publié par la Banque mondiale « Turbulent Waters » (Eaux Troubles) qui traite de la manière dont les pays touchés par la fragilité, les conflits et la violence ont progressé plus lentement en ce qui concerne la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement lié à l’eau. L’étude décrit également comment les investissements en faveur de l’eau peuvent favoriser la stabilité, tout en répondant aux besoins à court terme en matière des moyens de subsistance et les défis à long terme en matière de durabilité.


Par Apo