Le Bus d’Alerte Républicaine et Démocratique fait escale à Paris
Le Bus d’Alerte Républicaine et Démocratique, parti du Camp des Milles pour sillonner la France, arrive à Paris le 24 mars. Trois questions à Alain Chouraqui, président de la Fondation du Camp des Milles.
Pourquoi ce Bus d’Alerte Républicaine et Démocratique ?
La Fondation du Camp des Milles a pour mission de rappeler l’histoire des génocides du XXe siècle et de faire connaître les mécanismes individuels et collectifs qui dans cette histoire ont pu conduire à des régimes autoritaires.
Avec ce Bus d’Alerte Républicaine et démocratique, l’idée, dans une démarche mémorielle et citoyenne, est d’aller à la rencontre de publics très divers, et en particulier des jeunes, afin de leur proposer des éclairages pluridisciplinaires utiles au présent. Car ne rien faire, c’est laisser faire.
Le Camp des Milles est un camp d’internement et de déportation. Quel rapport avec la démocratie ?
Le Camp des Milles, situé entre Aix-en-Provence et Marseille, est aujourd’hui le seul grand camp français d’internement et de déportation (1939-1942) encore intact. C’est devenu un important Musée d’histoire et d’éducation à la citoyenneté, unique au monde dans ses dispositifs pédagogiques tournés vers le présent.
Ses actions et missions sont destinées, en s’appuyant sur l’expérience historique, à renforcer la vigilance de chacun face aux extrémismes, aux racismes, à l’antisémitisme et à la xénophobie et d’une façon générale au rejet de l’autre. Nous invitons les citoyens et les jeunes en particulier à participer à la vie démocratique face au danger pour nos libertés que représentent les extrémismes identitaires et leurs intolérances.
Selon vous, la démocratie française est en danger aujourd’hui ?
Malheureusement oui. Le recul de l’histoire et des sciences de l’homme permet d’expliquer comment des extrémismes identitaires peuvent nourrir puissamment un engrenage anti-démocratique. Mais il permet aussi de constater la diversité des résistances possibles, à commencer par le simple vote citoyen contre les extrêmes.
À partir de l’histoire des génocides du XXe siècle, nos analyses qualitatives et quantitatives montrent que les caractéristiques de l’histoire se reproduisent : perte de repères, institutions attaquées, crispations identitaires, rejet des élites, brutalisation de la société.
Notre pays est en train de le vivre et cela le conduit au milieu du processus qui a déjà détruit la paix civile dans l’histoire. Notre démocratie est aujourd’hui sur une ligne de crête ascendante où menace réellement un régime autoritaire. Plus que jamais, chaque acte, mais aussi chaque passivité, chaque acteur, chaque institution, peut contribuer à faire la différence.