Le 33ème Prix Goncourt des lycéens a été remporté par Djaïli Amadou Amal
Djaïli Amadou Amal, auteure du roman « Les Impatientes », paru aux éditions Emmanuelle Collas, remporte le Prix Goncourt des lycéens pour l’édition 2020
Le prix Goncourt Djaïli Amadou Amal en rêvait. C’est désormais chose faite. Un roman poignant qui relate, à travers la vie de trois héroïnes, la condition des femmes dans le Sud Sahel. Entre mariage forcé, viol conjugal, polygamie et précarité, les femmes Africaines souffrent en silence.
>> Lire aussi :Les Amazones d’Afrique : “On porte fièrement notre épée de féministe”
Djaïli Amadou Amal a elle-même subi un mariage précoce et forcé à 17 ans avec un homme riche et âgé. Une épouse parmi d’autres, elle s’identifie à ses héroïnes et se raconte. Une Catharsis. Djaïli Amadou Amal reconnait, face à la caméra, qu’elle doit son salut à l’écriture. Première lauréate du Prix en 2019 pour « Munyal, les larmes de la patience », l’écrivaine camerounaise obtient cette année le Prix Goncourt pour son premier ouvrage à paraitre en France.
« Quand on est financièrement dépendante, on n‘a pas droit à la parole »
« Les Impatientes » est un manifeste romancé pour le droit des femmes. Il met au jour la souffrance des femmes Africaines. Le mariage forcé est en soi une violence, un traumatisme entrainant bien d’autres. Un calvaire reconduit d’une génération à une autre qui prend plusieurs formes. Du décrochage scolaire, à la précarité, en passant par l’inévitable soumission. Dépendantes pour la vie, ces femmes ne peuvent s’affranchir du joug du mari, ni être économiquement indépendantes. Elles sont alors réduites au silence. « Quand on est financièrement dépendante, on n’a pas droit à la parole », analyse l’écrivaine. En contrepartie, ces « victimes » sont appelées à faire tout le travail, et «même si elles gagnent de l’argent, elles n’ont pas le droit d’en disposer ». Des souffrances énormes, accrues par le fait « de ne pouvoir se confier à quelqu’un pour raconter sa peine et ce que l’on ressent. »
Le jury du Goncourt des lycéens se décline en un immense collectif réunissant chaque année près de 2 000 élèves. Un événement coorganisé par la Fnac avec le concours du ministère de l’Éducation, de la jeunesse et des sports. Une rencontre en visioconférence est prévue entre la lauréate et le jury.
L’écrivaine camerounaise Djaïli Amadou Amal est musulmane doublée d’une féministe. Militant sur le terrain pour le droit des femmes, elle avait créé depuis 2012 l’association « Femmes du Sahel » qui œuvre pour l’éducation des filles de la région.