Le 27 octobre 2005, Zyed et Bouna, poursuivis par la police, mouraient électrocutés
Zyed Benna aurait eu 33 ans aujourd’hui, son ami Bouna Traoré 31. Le destin en a décidé autrement. Un destin où deux adolescents de Clichy-sous-Bois (93) ont eu le malheur de croiser la police.
Il y a 16 ans jour pour jour, le 27 octobre 2005, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, meurent électrocutés dans un transformateur EDF où ils s’étaient abrités alors qu’ils étaient poursuivis par la police.
Un de leurs camarades, Muhittin Altun, âgé de 17 ans, est lui grièvement blessé. C’est la fin de l’après-midi et en pleine période du Ramadan, l’heure de l’iftar – la rupture du jeûne -, doit bientôt sonner.
Ce 27 octobre 2005, peu après 17 heures, une tentative de vol sur un chantier privé est signalée au commissariat de Livry-Gargan, ville limitrophe, Clichy ne possédant pas encore son propre poste de police, ouvert en 2010.
Un véhicule de la brigade anticriminalité (BAC) est envoyé sur les lieux. Une course-poursuite s’engage alors entre les policiers de la BAC et une dizaine de jeunes. Six sont stoppés net par les policiers et interpellés. D’autres parviennent à prendre la fuite en direction d’un petit bois. Parmi eux, Zyed, Bouna et Muhittin.
Le trio d’amis trouve refuge dans un transformateur électrique, protégé par un mur en parpaings d’environ quatre mètres de haut. Les gamins restent cachés quelques dizaines de minutes dans l’enceinte du site EDF.
Pendant ce temps-là, Sébastien Gaillemin, gardien de la paix affecté à la police de proximité, voit deux « silhouettes » enjamber un grillage délimitant un cimetière et pénétrer ainsi dans un petit bois dans lequel, 5 mètres plus loin, un mur interdisait l’accès au site EDF.
« S’ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau », lâche-t-il alors sur la radio de la police, qu’écoute sa collègue, Stéphanie Klein, alors policière stagiaire. Les deux agents n’iront pas secourir les trois adolescents.
Poursuivis pour non-assistance à personne en danger, les deux policiers seront mis définitivement hors de cause par la justice.
La mort de Zyed et Bouna avait enflammé les quartiers populaires. Trois semaines de révolte sociale. 16 ans après le drame, selon les associations locales, la situation est toujours aussi explosive dans les banlieues françaises.
>> Lire aussi : Violences policières/Noisy-le-Grand : la LDH exige des sanctions contre les policiers