Le 1er novembre 1954, la “Toussaint Rouge” marque le début de la Guerre d’Algérie

 Le 1er novembre 1954, la “Toussaint Rouge” marque le début de la Guerre d’Algérie

Le « comité des six » chefs du FLN, photographiés juste avant le déclenchement de la guerre le 1er novembre 1954. Debout de gauche à droite : Rabah Bitat, Mustapha Ben Boulaid, Mourad Didouche, Mohamed Boudiaf. Assis : Belkacem Krim (gauche) et Larbi Ben M’hidi. Crédit photo : Wikimedia Commons.

Il y a 69 ans, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, une trentaine d’actions armées sont menées simultanément sur le territoire algérien, marquant le début du soulèvement et l’acte de naissance d’un mouvement inconnu jusqu’ alors : le Front de libération nationale (FLN).

Veille de la Toussaint 1954, un calme relatif plane pourtant sur les départements de l’Algérie française. Partout sur le territoire, des hommes très mal équipés, armés pour la majorité de simples poignards et ne disposant que de quelques armes à feu, se préparent à lancer la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Casernes militaires et de gendarmerie, bâtiments administratifs, bureaux de poste, fermes de colons, immeuble de la radio ou voies ferrées…tous les symboles de l’occupation coloniale française sont frappés. L’objectif du FLN est clair : l’indépendance de l’Algérie passera par la lutte armée.

Personne alors ne pense que le coup de force du FLN est le début d’une terrible guerre de décolonisation, longue de presque huit ans, qui pendant longtemps ne dira pas son nom dans l’Hexagone où l’on parlera avec euphémisme des « événements d’Algérie ».

Restée dans les mémoires comme la « Toussaint rouge », le 1er novembre 1954 est gravé dans les mémoires comme le début de l’affrontement armé et organisé face à la puissance française.

 

Constatant que la lutte pacifique est épuisée, le FLN lance un appel au peuple algérien pour libérer le pays et restaurer « l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques », ainsi que « le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions ».

Le 1er novembre 1954, le FLN lance un appel  : « Devant cette situation qui risque de devenir irréparable, une équipe de jeunes responsables et militants conscients, ralliant autour d’elle la majorité des éléments encore sains et décidés, a jugé le moment venu de sortir le mouvement national de l’impasse où l’ont acculé les luttes de personnes et d’influence, pour le lancer aux côtés des frères marocains et tunisiens dans la véritable lutte révolutionnaire ».

Fin octobre 1954, un « comité des six », en l’occurrence Rabah Bitat, Mustapha Ben Boulaid, Mourad Didouche, Mohamed Boudiaf, Belkacem Krim et Larbi M’hidi, se réunit pour préparer l’insurrection. Les textes de la proclamation de leur mouvement, le FLN, sont imprimés clandestinement dans un village de Kabylie, foyer historique de la lutte anticoloniale. Parallèlement, Ahmed Ben Bella, accompagné de Mohamed Khider et Hocine Ait Ahmed, forme au Caire la délégation extérieure.

La maison où les appels du 1er novembre 1954 ont été imprimés. Photo : Henri Douzon / Photo12 via AFP

Aujourd’hui, plus de 60 ans après la fin de la guerre d’Algérie, il est toujours difficile de faire un bilan des pertes humaines, mais les Algériens parlent d’un million et demi de martyrs. « Le pays au million de martyrs » est d’ailleurs devenu le surnom de l’Algérie. 4 000 Français civils, 30 000 soldats français, et entre 15 000 et 30 000 harkis auraient également péri entre 1954 et 1962…