Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était tué par des militants du FN

 Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était tué par des militants du FN

Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était tué, noyé par des militants du Front national. Nadir Dendoune/LCDA

Ce dimanche 1er mai 1995 est une belle journée ensoleillée à Paris. L’épicier Brahim Bouarram, 29 ans, père de deux enfants, marche tranquillement sur les berges de Seine, aux abords du pont du Carrousel du Louvre. Trois skinheads venus manifester aux côtés du Front national pour l’hommage annuel à Jeanne d’Arc l’aperçoivent. Ils se ruent sur lui, l’agressent avant de le jeter dans la Seine. En quelques minutes, tout est plié : Brahim Bouarram meurt noyé.

27 ans plus tard, ce dimanche 1er mai, le soleil est toujours au rendez-vous. Comme tous les ans, des associations de défense des droits de l’homme et des militants se sont rassemblés sur le Pont du Carrousel à Paris. Pour rendre hommage à Brahim Bouarram et ne jamais oublier cet affreux assassinat.

«Plus d’un quart de siècle après, l’extrême droite est toujours à l’œuvre. Elle a même obtenu au second tour de l’élection présidentielle un nombre de voix qu’elle n’avait jamais atteint», rappelle désabusée Françoise Dumont, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). Elle estime que que les «politiques menées ces dernières années lui ont préparé le terrain avec la stigmatisation des quartiers populaires, de l’immigration et la paupérisation d’une partie croissante de la population».

« Les campagnes contre un prétendu «séparatisme», le voile, le péril que représenterait l’islam de France ont préparé la banalisation du discours de haine et de division porté par l’extrême droite », accuse encore la responsable de la LDH.

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« Je m’en souviendrai toute ma vie »

« J’étais tout petit quand le drame est arrivé mais je m’en souviens encore. Et je m’en souviendrai toute ma vie », avait confié au Courrier de l’Atlas il y a quelque temps Saïd, le fils de Brahim, 9 ans au moment du drame.

Un assassinat qui intervient quelques mois après celui d’Ibrahim Ali, un jeune de 17 ans, abattu dans le dos à Marseille le 22 février 1995, d’une balle de calibre 22 long rifle, tirée par un colleur d’affiche du FN.

Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était tué, noyé par des militants du Front national. Nadir Dendoune/LCDA
Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était tué, noyé par des militants du Front national. Nadir Dendoune/LCDA

À une semaine du deuxième tour de l’élection présidentielle de 1995, cet assassinat a un retentissement national. Deux jours plus tard, le président sortant, François Mitterrand, rend hommage à la victime en jetant un brin de muguet dans la Seine, à l’endroit ou Brahim Bouarram s’est noyé. Ce même jour, une manifestation réunit 12 000 personnes contre le racisme.

Jean-Marie Le Pen, alors président du Front national déclare peu après : «Je regrette qu’un malheureux se soit noyé. Mais, dans une agglomération de 10 millions d’habitants, ce genre de fait divers peut toujours se produire, ou même être créé à volonté ».